«L’Union européenne est le laboratoire de la gouvernance mondiale future», assène Olivier Piacentini devant les caméras de Sputnik.
L’essayiste en est convaincu: le projet «mondialiste», ainsi qu’il le qualifie, est à l’œuvre depuis un demi-siècle. Pire, selon lui, les tenants d’une gouvernance mondiale et du libre-échangisme globalisé ne s’en cachent même pas.
«Ça a été évoqué par MM. Rockefeller et Warburg lorsqu’ils ont créé le groupe de Bilderberg dans les années 60! Il était déjà question d’un gouvernement mondial avec des banquiers qui, selon eux, ne pourront jamais faire pire que ce qu’ont fait les politiques jusqu’à présent», estime-t-il.
Ce n’est bien évidemment pas la première fois que différentes organisations internationales (UE, Onu, FMI, OMC, OMS), certains sommets (G7, Forum économique mondial de Davos) ou certaines conférences informelles tel que le Groupe de Bilderberg sont suspectés d’abriter des conspirations en tous genres entre les puissants de ce monde.
Bien que des décisions importantes, voire décisives, sont prises à ces occasions, imaginer que se trame en sous-main un «projet de gouvernance mondiale» reste marqué du sceau de la caricature ou du complotisme. «Ce n’est pas un plan qui peut se faire en cinq ans; c’est évidemment un plan qui se déroule sur des décennies», veut croire Olivier Piacentini.
«La dislocation complète de tous les piliers qui soutenaient nos nations»
Mais l’essayiste ne s’arrête pas là et va même plus loin. Pour lui, la pandémie de Covid-19 marque une nouvelle étape pour un programme mondialiste qui «a dû être accéléré pour prendre les populistes de vitesse». «La pandémie de Covid est en train de catalyser cette fracture entre le mondialisme et le souverainisme», avance ainsi Olivier Piacentini. S’il reconnaît que «la mondialisation a aussi eu des effets positifs», notre interlocuteur estime que «ses bénéfices supposés n’apparaissent plus de manière évidente» aux yeux des peuples.
«Depuis quatre-vingts ans, nous avons une mise en place progressive de mécanismes économiques, d’institutions et de modes de pensée qui se diffusent et qui nous amènent à nous adapter moralement, mentalement, économiquement et culturellement à une forme de mélange des peuples et de gouvernance mondiale», dénonce Olivier Piacentini.
«Les gens commencent à se poser des questions et voient bien qu’on veut nous entraîner vers la dislocation complète de toutes les normes et de tous les piliers qui soutenaient nos nations», avertit l’essayiste.
À en juger par ce que nous dit notre interlocuteur, le «projet mondialiste», si tant est qu’il existe, consisterait ainsi à réduire l’homme au rang de simple «consommateur compulsif solvable». «Aux yeux de ces multinationales, c’est le seul être qui compte», écrit-il.
«Les GAFA commencent à dicter leurs lois aux États-nations»
De là viendrait la place prépondérante prise par les grands groupes privés, en premier lieu les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). «Un réel danger», prévient Olivier Piacentini.
«Les GAFA commencent à dicter leurs lois aux États-nations. Quand vous avez des groupes qui deviennent des quasi-monopoles, du moins des oligopoles pour des choses devenues indispensables à nos vies, ça peut causer de gros dégâts. Twitter a décidé de censurer Donald Trump alors qu’il était encore Président des États-Unis, par exemple!», illustre l’essayiste.
Tout en bas du spectre, les effets du libre-échangisme sur les populations sont délétères, poursuit Olivier Piacentini. L’hédonisme consumériste serait, si l’on en croit notre interlocuteur, le poison individualiste qui saperait toutes les bases de nos sociétés.
«Les désirs sont aujourd’hui la clé de voûte de notre société. La société marchande se met au service de ce diktat de l’ego en proposant des produits marketés de manière à répondre à tel ou tel segment de clientèle. On crée une identité nouvelle fondée sur la consommation suivant les désirs de chacun», tranche-t-il.