Rejet du «RSA jeune» par l’Assemblée nationale: «tout l’effort du gouvernement va au CAC 40 et aux riches»

© AFP 2024 PHILIPPE HUGUENCaisse d'Allocations Familiales (CAF)
Caisse d'Allocations Familiales (CAF) - Sputnik Afrique, 1920, 07.05.2021
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Alors que les jeunes sont particulièrement touchés par la crise, la majorité a retoqué la proposition loi de François Ruffin visant à ouvrir le RSA à partir de 18 ans. Le gouvernement préfère ainsi des aides ciblées, conditionnées à une recherche intensive d’emploi. Pour Gérard Filoche, c’est tout simplement un «mépris de la jeunesse».
«Le gouvernement ne veut pas lutter pour les jeunes ni pour les pauvres ni pour les salariés. Tout son effort va au CAC 40, aux très grandes entreprises, aux riches. […] Macron est le dernier défenseur au monde de la théorie du ruissellement.»

Gérard Filoche, membre de la Gauche démocratique et sociale (GDS), a fustigé au micro de Sputnik le rejet d’un «RSA jeune» par l’Assemblée nationale ce jeudi 6 mai. La proposition de loi, portée par François Ruffin, député LFI, et soutenue par les socialistes, les communistes et le groupe Libertés et territoires, devait permettre d’ouvrir le revenu de solidarité active à partir de 18 ans, contre 25 ans actuellement. Un élargissement visant atténuer les conséquences économiques de la crise du Covid-19.

«J’espérais qu’on se grandirait dans cette épreuve. Mais vous êtes des minus», a réagi laconiquement le député de la France insoumise, après s’être vu opposer une fin de non-recevoir par la majorité et la droite.

​Pour les députés LREM, ce refus s’explique par une volonté de mettre en place des aides ciblées à destination des jeunes sans emploi, sans formation ou ne disposant pas d’un soutien familial.

«Quelques subsides à condition d’aller chercher du travail»

«Avec le RSA, on touche de l’argent, puis plus rien», déplorerait en privé Élisabeth Borne, ministre du Travail, selon Europe 1. En effet, d’après les chiffres du ministère, un jeune sur deux au RSA depuis six mois n’était pas accompagné vers l’emploi en 2019. Un procès en assistanat que dénonce Gérard Filoche:

«C’est un mépris de la jeunesse! C’est l’idée que les jeunes doivent quémander, se battre pour se sortir de la misère. Donc on va leur donner quelques subsides à condition qu’ils aillent chercher du travail. L’assistanat va aux riches avec Emmanuel Macron. Le gouvernement donne des milliards aux entreprises sans contrepartie», souligne Gérard Filoche.

Le membre de GDS estime d’ailleurs que l’exécutif n’a «pas besoin de les stimuler, de les menacer, de les chapeauter ni de les mépriser», mais au contraire «de leur donner les moyens» car «s’ils pouvaient trouver du travail, ils le feraient». En 2019, le taux de pauvreté des 18-24 ans était de 21,7%, contre 13,6% pour l’ensemble de la population.

Le «RSA jeune» est mort, vive la «garantie jeune universelle»!

Si Gérard Filoche glisse qu’il est plutôt en faveur d’un salaire minimum, «la circonstance actuelle, la façon de redistribuer le plus vite possible aux jeunes pour leur permettre d’exister décemment, c’est de donner le RSA à tout le monde de 18 à 25 ans».

Emmanuel Macron - Sputnik Afrique, 1920, 17.02.2021
Covid-19 et chômage: Macron face à une situation «dramatique» chez les jeunes
Conscient des difficultés de la jeunesse, ou geste électoraliste avant la présidentielle, Emmanuel Macron devrait annoncer avant l’été une nouvelle aide, la «garantie jeune universelle», d’un montant de 500 euros par mois, mais conditionnée à un accompagnement intensif pour trouver un emploi. Une extension d’un mécanisme qui existe déjà depuis 2013: la «garantie jeune», qui permet aux jeunes de 16 à 25 ans d’obtenir une allocation sous réserve de s’engager dans un parcours de formation.

Or celui-ci semble avoir fait ses preuves. Fin 2019, 43% des bénéficiaires –dont 75% n’avaient pas le niveau Bac– avaient ainsi accédé à un emploi, une formation, un contrat en alternance ou une création d’entreprise, selon la Dares. Néanmoins, Gérard Filoche tient à recentrer les débats:

«Quand une société ne peut pas donner du travail à ses membres, c’est que la société est en défaut. Ce n’est pas la faute aux chômeurs, mais au chômage parce que la société organise mal le travail.»
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