Le Wall Street Journal écrit, en s’appuyant sur des sources au sein de l’administration américaine, que Joe Biden envisage de reconnaître officiellement le génocide arménien dans l’Empire ottoman du début du XXe siècle. Une telle déclaration pourrait intervenir dès le 24 avril, date marquant le 106e anniversaire. Cependant, les interlocuteurs du journal reconnaissent qu’aucune décision définitive n’a été prise et que le Président démocrate pourrait se contenter d’une simple déclaration générale. Dans la foulée, le département d’État américain a évoqué une annonce attendue samedi sur le génocide, semblant confirmer ces propos. En outre, Bloomberg écrit que le Président américain a déjà fait part de ses intentions en s’entretenant ce vendredi au téléphone avec Recep Tayyip Erdogan.
Rien à perdre?
Or, les chances que cette reconnaissance ait lieu sont solides, estime au micro de Sputnik Ali Cinar, journaliste et politologue turc installé aux États-Unis.
«Plusieurs Présidents américains ont promis lors de leur campagne électorale de reconnaître les événements datant de 1905 en tant que génocide. Joe Biden en fait partie. L’ordre des choses actuel à la Maison-Blanche laisse penser à une haute probabilité de la reconnaissance du génocide arménien par Biden», argumente-t-il.
Et d’énumérer d’éventuelles causes: la pression du lobby arménien, le fait que la vice-Présidente Kamala Harris a par le passé été sénatrice de Californie, où la diaspora arménienne est forte, et l’attitude de Biden à l’égard de la Turquie fondée sur le principe «rien à perdre dans les relations avec Ankara».
L’interlocuteur de l’agence rappelle qu’en 2019 une résolution relative à la reconnaissance du génocide a été adoptée, même si elle était symbolique, par la Chambre des représentants et par le Sénat. Donc pour le Congrès, la question est réglée.
Quelles conséquences pour les relations Washington-Ankara?
Rappelant qu’en 1982 le terme de génocide a déjà été employé par le Président Ronald Reagan, Ali Cinar souligne que Biden ne sera donc pas le premier dirigeant américain à utiliser ce mot.
«S’il a recours à cette formule, cela aura avant tout une signification symbolique. Cependant, la diaspora arménienne pourrait saisir ce précédent pour demander des compensations auprès des tribunaux locaux.»
Il ajoute que la Turquie ne veut pas que ses relations avec les États-Unis se détériorent, mais dans le même temps les Américains eux aussi réalisent l’importance du maintien du dialogue avec Ankara. Toutefois, une série de problèmes irrésolus dans les relations bilatérales pèsent sur les relations.
«Je pense que la Turquie réagira à ce pas de Biden par une condamnation formulée à l’oral ou à l’écrit.»
Et de conclure qu’il ne pense pas que cela puisse aller jusqu’au rappel de l’ambassadeur.