Les autorités russes ne permettront pas qu’Alexeï Navalny décède en prison, a affirmé à la BBC Andreï Kelin, ambassadeur de Russie à Londres. L’opposant avait en effet annoncé entamer une grève de la faim le 31 mars, suscitant l’inquiétude. Sur Instagram, il s’est récemment plaint de souffrir des jambes et du dos. Des manœuvres destinées à attirer l’attention, selon Andreï Kelin.
«On ne le laissera pas mourir en prison, mais je peux dire que M.Navalny se comporte comme un voyou. Il essaye de violer toutes les règles qui ont été établies», a déclaré l’ambassadeur à la BBC, ajoutant que «son but est d’attirer l’attention, en disant qu’il souffre de la main gauche aujourd’hui, puis demain qu’il souffre de la jambe».
En 2014, Alexeï Navalny avait été reconnu coupable d’escroquerie dans l’affaire Yves Rocher et condamné à 3,5 ans de prison avec sursis. En 2021, la justice russe a remplacé sa peine avec sursis par de la prison ferme pour deux ans et huit mois, suite à la violation par l'opposant des conditions de son contrôle judiciaire.
Le responsable a en outre assuré que le prisonnier avait eu un traitement médical nécessaire et que les autorités russes entendaient «prendre soin» de ce traitement.
Dans le même temps, «s'il se comporte normalement, il aura une chance d'être libéré plus tôt», a souligné le diplomate.
Washington met en garde contre les «conséquences»
Plus tôt ce 18 avril, la Maison-Blanche a averti Moscou qu’il y aurait des «conséquences» en cas de décès de Navalny en prison. Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale, a précisé sur CNN que des mesures de rétorsion étaient à l’étude, si le prisonnier venait à trépasser.
«Nous avons déclaré au gouvernement russe que ce qui arriverait à M.Navalny en détention serait de sa responsabilité et qu’ils seront tenus responsables par la communauté internationale. Quant aux mesures spécifiques que nous prendrions, nous étudions différents types de sanctions à imposer, je ne vais pas les révéler publiquement à ce stade», a souligné le responsable.
Ces propos interviennent dans un contexte tendu, Washington ayant déjà annoncé de nouvelles sanctions financières ce 15 avril, en réponse à des soupçons de cyberattaques et d’ingérence russe dans les élections présidentielles de 2020. Moscou avait riposté le lendemain en annonçant l’expulsion de 10 diplomates américains.
Un semblant de détente paraissait cependant s’être amorcé après ces incidents, Joe Biden appelant à la «désescalade», bientôt rejoint par Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe.
L’UE «inquiète»
Côté européen, le cas Navalny mobilise également. Les ministres des Affaires étrangères de l’UE aborderont le sujet ce 19 avril, à Bruxelles. Des discussions qui pourraient une fois de plus déboucher sur des sanctions, comme l’a précisé Jean-Yves Le Drian sur France 3. Le ministre français des Affaires étrangères s’est dit «extrêmement préoccupé» par l’état du prisonnier et a réclamé sa libération.
«La Russie a la responsabilité de la santé de Navalny, il faut qu'elle l'assume […]. Nous avons déjà pris des mesures. Le paquet de sanctions est déjà significatif, mais il peut y en avoir d'autres», a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision.
En Russie, des partisans de Navalny ont appelé à des manifestations de soutien, à Moscou et Saint-Pétersbourg. Les organisateurs déclarent que l’état de santé du prisonnier s’est dégradé pendant sa grève de la faim.