Un schéma vaccinal mixte sera appliqué pour les personnes de moins de 55 ans qui ont reçu la première dose du vaccin d’AstraZeneca contre le Covid-19 avant la décision des autorités de maintenir l’utilisation de ce vaccin seulement pour les personnes de 55 ans et plus, a annoncé ce vendredi 9 avril la Haute Autorité de santé (HAS).
«La HAS recommande d’utiliser une dose d’un des vaccins à ARNm actuellement disponibles (Comirnaty ou vaccin Covid-19 Moderna) en remplacement de l’administration de la deuxième dose chez les personnes de moins de 55 ans ayant reçu une première dose du vaccin Vaxzevria», a indiqué la HAS dans un communiqué.
Ce même vendredi, le ministre de la Santé Olivier Véran a déclaré avoir «saisi les scientifiques» de la question de l'interchangeabilité des vaccins à ARN messager, Pfizer et Moderna, pour «simplifier» la campagne de vaccination contre le Covid-19.
La Roumanie avait aussi évoqué le 8 avril la possibilité d’utiliser un autre vaccin au lieu de la seconde dose d’AstraZeneca, tout en précisant que cela concernerait seulement les personnes ayant eu des complications thrombotiques après la première dose.
Un demi-million de personnes concernées
En France, le schéma à deux vaccins concernera plus de 500.000 personnes.
«La protection conférée par une seule dose de ce vaccin diminuant avec le temps, il est nécessaire de compléter la protection vaccinale des 500.000 personnes de moins de 55 ans qui ont reçu une première dose du vaccin d’AstraZeneca», explique la HAS.
Selon la HAS, cette vaccination doit être réalisée «avec un intervalle de 12 semaines entre les doses». Les patients devront d’abord donner leur accord à la vaccination avec un autre produit.
La HAS avait précédemment suspendu l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca, déployé en France à partir du 6 février, suite à l’enregistrement de cas d’événements thromboemboliques et hémorragiques graves et rares chez des personnes vaccinées.
L’OMS déconseille de mélanger les vaccins
Selon la HAS, «de nombreux arguments sont en faveur de cette stratégie appelée "prime-boost hétérologue"» qui consiste à utiliser pour la deuxième injection (boost) un vaccin relevant d’une technique différente de la première (prime). D’après la HAS, cette approche vaccinale serait plus efficace que celle de «prime-boost homologue» où les deux injections sont strictement identiques. Les médecins la suivent déjà dans le contexte du développement de certains vaccins dont celui contre le VIH, rappelle la HAS.
Pourtant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déconseille d’utiliser simultanément deux vaccins différents puisqu’il n’y a pas encore assez d’informations sur les conséquences de cette stratégie vaccinale. Rogerio Pinto de Sa Gaspar, directeur de l'OMS chargé de la régulation, a fait ce vendredi 9 avril une déclaration en ce sens lors d’un point presse, commentant la décision française.
La HAS a recommandé ce 9 avril d’organiser un «suivi spécifique de pharmacovigilance des personnes vaccinées par le vaccin Vaxzevria puis par un vaccin à ARNm».
L’utilisation d’AstraZeneca limitée en France
Plusieurs pays dont le Danemark, la Norvège, l’Islande, les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la France ont provisoirement suspendu en mars l’utilisation de Vaxzevria dans l’attente de l’avis du Comité d'évaluation des risques en pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) rendu le 18 mars.
Après des conclusions rassurantes de l’EMA, pour qui les bénéfices de l’utilisation du vaccin l’emportent sur les risques potentiels, de nombreux États, dont la France et l’Allemagne, ont repris l’injection d’AstraZeneca.
Le 19 mars, la HAS a recommandé d’administrer cette préparation uniquement aux personnes âgées de plus de 55 ans «afin de prendre en compte le signal rapporté par l’EMA relatif à des cas de thromboses de localisations inhabituelles le plus souvent concomitantes à une thrombocytopénie survenue après l’injection d’une première dose de vaccin».