Les élections législatives du 12 juin 2021 n’intéressent pas les plus anciens partis d’opposition. Créé en 1963 par Hocine Aït Ahmed, soit au lendemain de l’accession à l’indépendance du pays, le Front des forces socialistes (FFS) a décidé de ne pas participer à ce scrutin. Une mesure adoptée samedi 3 avril au terme d’une session extraordinaire de son Conseil national. La décision a été prise sous la pression des militants de la base qui avaient manifesté devant le siège du parti pour exiger le boycott de ces élections.
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— Said Touati (@epsilonov71) April 3, 2021
03 Avril:
Alger:
Des militants du parti Front des forces socialistes ont organisés un sit-in devant le siège du parti, pour exiger le boycott des élections législatives.
العاصمة:
وقفة مناضلي حزب جبهة القوى الاشتراكية أمام مقر الحزب للمطالبة بمقاطعة انتخابات العصابات. pic.twitter.com/nuINByqTu3
Diabolisation
Les membres du Conseil national du FFS ont dressé un constat catastrophique de la situation politique, économique et sociale du pays. Selon eux, la priorité doit être la concrétisation des «revendications populaires pour le changement démocratique du système et l’instauration d’un État de droit démocratique et social». Ils ont également dénoncé le double jeu du pouvoir consistant à «diaboliser les partis politiques et l’action politique, et en même temps [à] les invite[r] à adopter un agenda politique élaborée unilatéralement».
«Le Conseil National réaffirme que les conditions de la tenue du prochain scrutin législatif du 12 juin ne sont pas réunies, et que les élections ne constituent pas la solution à la crise multidimensionnelle que vit le pays. Par conséquent le FFS ne peut pas participer à cette élection», conclut le Conseil national du FFS dans le communiqué final de cette session extraordinaire.
«Le conseil national décide du rejet de l’élection législative convoquée pour le 12 juin 2021, à l’unanimité des membres présents. Le conseil national qui a fait sien les conclusions des conseils régionaux considère que la place du RCD est aux côtés du peuple mobilisé pour le changement du système et l’avènement de l’alternative démocratique et non dans le camp de ceux qui répriment, sèment la peur et la promotion des extrêmes pour asseoir, une fois de plus, le chantage du pire», précise ce parti au terme d’une réunion qui s’est tenue samedi 20 mars.
Le boycott du FFS et du RCD est un sérieux revers pour le pouvoir. Leur retrait porte un coup à la crédibilité de ce scrutin, notamment en Kabylie où ces deux partis comptent une importante assise populaire. Le Parti des Travailleurs, autre parti d’opposition d’envergure nationale, a lui aussi décidé qu’il ne siégerait pas au sein de la prochaine assemblée nationale.
«Nous sommes convaincus que ces élections n’apporteront aucune solution aux revendications des Algériens. Depuis plus de deux années, le peuple exige un changement radical à travers le départ du système, l’organisation d’élections légitimes, l’indépendance de la justice et le respect des libertés collectives et individuelles. Ces élections n’auront pour seul résultat que de perpétuer un système qui est rejeté par le peuple», explique-t-il, précisant que son parti est dans une logique de non-participation et non pas de boycott actif de cette législative.
De l’argent public pour les jeunes candidats
Selon Ramdane Taâzibt, la série de dispositions introduites dans la nouvelle loi électorale est un argument de plus qui vient conforter le choix du PT. «Ce texte (…) a été rédigé de façon à ne pas permettre la transparence des scrutins», assure-t-il.
«Le mode de scrutin proportionnel imposé dans le nouveau code électoral exclut d’emblée la participation des partis, ouvre la porte au tribalisme et va grandement limiter la représentation des femmes au sein de la prochaine assemblée nationale. Une des tares de cette loi c’est également cette ségrégation légale et assumée par le gouvernement qui consiste à financer certaines listes de candidatures sous prétexte d’encourager la participation des jeunes. C’est une mesure anticonstitutionnelle, illégale et discriminatoire de financer des candidatures avec de l’argent public», dénonce le responsable du PT.
Putsch
Quelques semaines après avoir annoncé sa décision de non-participation à l’élection du 12 juin, le Parti des Travailleurs a été la cible d’une étrange opération de «redressement». Samedi 3 avril, des personnes se revendiquant de cette formation ont organisé une rencontre dans un hôtel de l’ouest d’Alger et ont adopté une résolution pour destituer la secrétaire générale Louisa Hanoune et nommer un secrétaire général par intérim, un certain Halim Nasri. La tenue d’une telle rencontre étant soumise à un agrément des services de la wilaya (préfecture) d’Alger, la direction du PT considère donc que cette opération s’est déroulée avec la bénédiction du pouvoir. Ramdane Taâzibt n’hésite pas à dénoncer un «putsch».
«Ce qui s’est produit ces derniers jours avec cette tentative de putsch que subit le Parti des Travailleurs démontre que le pouvoir maintient ses mêmes pratiques. Ce coup d’État (sic) a été organisé par des individus étrangers à notre formation et avec la bénédiction de l’administration puisqu’ils ont obtenu une autorisation pour se réunir dans cet hôtel de la capitale. Cette réunion publique s’est transformée en instance du parti pour prétendument destituer la secrétaire générale du Parti des travailleurs», ajoute le haut responsable du PT.