Racisme anti-asiatique: le Covid-19 exacerbe les violences en France et dans le monde

© AFP 2024 Mark Felix Девушка с плакатом во время акции Stop Asian Hate в США
Девушка с плакатом во время акции Stop Asian Hate в США - Sputnik Afrique, 1920, 30.03.2021
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Depuis l’émergence de l’épidémie de Covid-19, les agressions contre les personnes asiatiques se multiplient. Entre insultes en ligne, menaces physiques ou remarques désobligeantes, elles ne se sentent plus en sécurité. Un phénomène global qui touche la France. Analyse.

Un phénomène qui s’amplifie. Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les ressortissants asiatiques sont la cible d’agressions dans le monde entier. Dernier cas en date à New York, où une femme a été rouée de coups dans la rue, explique le New York Post dans un article publié le 29 mars. Selon les enquêteurs, cette agression revêt un caractère raciste. L’unité des crimes haineux de la police de New York a d’ailleurs enregistré une augmentation de 1.300% des crimes racistes contre les Américains d’origine asiatique depuis le début de la pandémie.

​Selon un bilan réalisé par Stop AAPI Hate (association américaine de lutte contre les discriminations envers les Asiatiques), cité par Le Monde, l’organisation a recensé entre 2020 et fin février 2021, près de 3.800 agressions, incidents, harcèlements, insultes et crachats, aux États-Unis.

Une haine globale

Autant d’incidents qui ont poussé BTS, célèbre groupe de K-Pop (pop coréenne), à publier une lettre sur les réseaux sociaux afin de soutenir le mouvement Stop Asian Hate, né suite à la recrudescence d’actes xénophobes aux États-Unis. «Nous sommes en deuil et en colère. En tant qu’Asiatiques, nous avons aussi été victimes de racisme. Nous avons été la cible d’insultes et de moqueries en raison de notre apparence. On nous a même demandé pourquoi des Asiatiques parlaient anglais», ont témoigné les membres du groupe.

​Si la situation est préoccupante outre-Atlantique, la France n’est pas en reste. Sur la Côte d’Azur, certains ressortissants de l’empire du Milieu ont décidé de quitter la région par peur de représailles, a affirmé Manqi Yu, président de l’association de la communauté chinoise de la Côte d’Azur, à CNEWS.

«Nous sommes régulièrement victimes d’intimidations sur les réseaux sociaux […] Des compatriotes ont même reçu des menaces d’agressions physiques», a-t-il déploré.

A demonstrator holds a sign at a rally of the Chinese community to raise awareness about recent racists attacks in - Sputnik Afrique, 1920, 10.11.2020
Haine anti-asiatique: «On était déjà une cible pour les délinquants, maintenant on va être une cible pour les racistes»
Contacté par Sputnik, Jacques Sun, président du CRAAF (Conseil Représentatif des Associations Asiatiques), estime, dans l’absolu, que la crise sanitaire accentue la violence dans la société. Selon lui, elle n’est donc pas uniquement dirigée contre la communauté franco-asiatique. Optimiste, il espère qu’avec «les mesures prises par le gouvernement», la situation épidémiologique s’améliorera et, de ce fait, permettra de faire redescendre les tensions générées par le Covid-19.

En outre, Jacques Sun rappelle qu’il faut absolument s’attaquer à haine en ligne notamment sur les réseaux sociaux. Pour ce faire, il appelle de ses vœux à une réaction législative du gouvernement.

«La viralité de ce genre de provocation à la haine est incroyable. Je pense que le gouvernement va prendre des mesures contre la circulation de la haine en ligne, que ce soit pour la communauté asiatique, mais également pour les autres», plaide le président du CRAAF.

Le procès de cinq étudiants s’est d’ailleurs ouvert le 23 mars dernier au tribunal judiciaire de Paris après une campagne de haine sur Twitter et d’appels au meurtre lancée en octobre dernier. Parmi les messages incriminés, certains sont d’une rare violence: «J’appelle tous les renois et rebeus de France à agresser chaque Chinois qu’ils croiseront dans la rue», ou encore «Hitler aurait dû tuer les Chinois, pas les juifs.»

John Sifton, directeur de la division Asie de Human Rights Watch, a lancé un plaidoyer en direction des autorités des pays touchés par cette violence:

«Les gouvernements devraient agir pour sensibiliser plus largement le public, promouvoir la tolérance et contrer les discours de haine, tout en lançant énergiquement des enquêtes et poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs de crimes haineux.»
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