À quoi mèneront les nouvelles tensions à la frontière entre l'Algérie et le Maroc

© Sputnik . Natalia Seliverstova / Accéder à la base multimédiaLe Maroc vu du ciel
Le Maroc vu du ciel - Sputnik Afrique, 1920, 22.03.2021
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Depuis plusieurs mois, après que les États-Unis ont annoncé leur soutien à la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, l’inquiétude règne à la frontière algéro-marocaine. Le week-end dernier, des tensions ont éclaté dans la région frontalière d’El Arja, située à une dizaine de kilomètres de Figuig.

Les autorités algériennes ont officiellement exigé qu’un groupe d’agriculteurs marocains, qui travaillent sur ces terres depuis des années, libère la zone frontalière et quitte le territoire algérien. Une décision qui a déclenché une vague de protestations de l’autre côté de la frontière, dans la province de Figuig.

Par ailleurs, aucun commentaire officiel n’a pour l’heure été fait suite à cet incident. Certains partis et mouvements politiques marocains se sont cependant prononcés en faveur des agriculteurs dont il est question.

Que se passe-t-il à la frontière? Cet incident entraînera-t-il une escalade des tensions entre l’Algérie et le Maroc? Quels sont les commentaires de part et d’autre de la frontière? Sputnik a interrogé des politiciens et experts algériens et marocains.

Recul en arrière?

Abdel Aziz Aftaty, chef du parti au pouvoir au Maroc, a déclaré que les agissements des voisins algériens étaient inacceptables et faisaient reculer les relations bilatérales sur plusieurs décennies.

«Tout cela rappelle le début du drame qui s’est déroulé au milieu des années 1970. Les mesures prises par l’Algérie sont incompatibles avec le principe de bon voisinage et menacent la politique de coexistence pacifique le long de la frontière», estime-t-il.

Dans le cadre du droit interne

Radwan Bouhidel, professeur de science politique à l’université d’Alger, explique pour sa part que la démarche entreprise relève entièrement de la compétence des autorités algériennes puisque les territoires en question ne sont pas contestés, bien qu’ils se situent dans une zone frontalière.

«L’Algérie a permis l’exploitation des terres par les agriculteurs marocains pour des raisons de bon voisinage. Mais il s’est avéré qu’ils y cultivaient du cannabis: c’est illégal sur le territoire de notre pays. Bien sûr, ils ont été mis en demeure de quitter immédiatement les terres et de quitter le pays», précise-t-il.

Selon lui, l’absence de tout commentaire officiel de la part du Maroc ne fait que confirmer cette version.

Concernant les conséquences pour les agriculteurs marocains s’ils refusent de quitter le territoire algérien, l’expert souligne que «l’exploitation illégale des terres, la production illégale de certaines cultures interdites entraîneraient une arrestation et de longues procédures pénales. La partie marocaine se retrouverait alors à coup sûr au cœur du scandale ce qui aggraverait inutilement les relations déjà tendues à la frontière entre les deux États».

Quant aux agriculteurs marocains, ils affirment qu’une délégation composée de militaires et de civils algériens est venue chez eux pour les forcer à quitter le territoire dans les plus brefs délais. Ils demandent au gouvernement marocain «de ne pas se taire, mais de dire toute la vérité» sur l’incident.

À la fin des années 1970, des hostilités ont éclaté entre le Maroc et l’Algérie dans la zone frontalière. Ce conflit est nommé la guerre des Sables. Avec la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, ainsi qu’avec la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, les craintes grandissent de part et d’autre de la frontière quant à une éventuelle escalade dans les zones frontalières.

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