Réunions en «non-mixité», communautarisme, «islamo-gauchisme»: l’UNEF menacée de dissolution par la droite

© AFP 2024 BERTRAND GUAYManifestation de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF) contre la précarité étudiante en raison de la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19, mars 2021
Manifestation de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF) contre la précarité étudiante en raison de la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19, mars 2021 - Sputnik Afrique, 1920, 19.03.2021
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La présidente de l’UNEF a récemment admis l’organisation de réunions «non mixtes» interdites aux Blancs, quelques jours seulement après que le syndicat étudiant a relayé un post accusant deux professeurs de Sciences Po Grenoble d’«islamophobie». Est-ce la polémique de trop pour l’UNEF désormais menacée de dissolution?

L’UNEF connaîtra-t-elle le même sort que Génération identitaire, BarakaCity ou encore le CCIF, dissous par décret gouvernemental? Le syndicat étudiant, créé en 1907, est plus que jamais dans la tourmente après que sa présidente, Mélanie Luce, a reconnu sur Europe 1 le 17 mars dernier l’organisation de réunions «non mixtes» interdites aux Blancs, «pour permettre aux personnes touchées par le racisme de pouvoir exprimer ce qu’elles subissent».

Un cas typique de «racisme antiblanc», dénonce au micro de Sputnik Julien Aubert, député LR du Vaucluse, qui a saisi ce 18 mars le procureur de la République pour signaler une «potentielle infraction au Code pénal». Avec une dizaine de parlementaires de son parti, l’élu estime que l’UNEF s’est livrée ni plus ni moins à de la «discrimination raciale».

Pour rappel, les réunions «non mixtes» (ou «en non-mixité») consistent à exclure les personnes jugées «problématiques» d’une assemblée syndicale ou associative: si l’on est Blanc, de sexe masculin et hétérosexuel, on cumule un certain nombre de «privilèges» qui empêchent d’assister à des regroupements réservés à des minorités «oppressées» ou «discriminées». Très fréquentes dans les milieux féministes et antiracistes, ces réunions sont régulièrement critiquées en raison du risque de repli identitaire, voire de «communautarisme» qu’elles font courir.

«Le principe des réunions non mixtes est une discrimination raciale car il s’agit d’un distinguo opéré sur la base de la race. Lorsque vous empêchez des gens d’assister à une réunion parce qu’ils ne sont pas de la même couleur de peau, vous faites une discrimination. Si l’UNEF avait interdit sa porte aux Juifs ou aux Arabes, on aurait très rapidement vu en quoi c’était du racisme!», assène Julien Aubert.

Sur BFM TV ce vendredi 19 mars, Jean-Michel Blanquer est allé plus loin en dénonçant des pratiques «qui ressemblent au fascisme». «C’est extrêmement grave, donc soit ils le font de bonne foi, en pensant bien faire alors qu’ils font une chose folle; soit ils ont des projets politiques qui sont gravissimes, qui fragmentent la société, qui divisent les gens entre eux», s’est inquiété le ministre de l’Éducation nationale.

«Un mouvement clairement antirépublicain»

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«Cette pente-là est gravissime. Elle s’insinue parfois dans la jeunesse avec les apparences de la générosité, de la lutte contre les discriminations. En réalité, cela monte les gens les uns contre les autres, c’est antirépublicain», a poursuivi M. Blanquer, qui s’est dit favorable à ce que les réunions en non-mixité deviennent «illégales». De son côté, Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, est allé jusqu’à réclamer «sans attendre» la «dissolution» de l’UNEF, «un mouvement clairement antirépublicain devenu l’avant-garde de l’islamo-gauchisme», selon lui.

«L’UNEF est passée du mauvais côté de la barrière. Nous espérons qu’une condamnation du syndicat servira de base à sa dissolution. Pour dissoudre, il faut d’abord qu’il y ait une condamnation judiciaire. Si la justice reconnaît le délit pénal, il y a lieu de dissoudre ce syndicat», estime Julien Aubert.

L’étau se resserre progressivement autour du deuxième syndicat étudiant, devancé par la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) depuis février 2017. Le 4 mars dernier, l’UNEF se retrouvait au cœur d’une autre polémique pour avoir publié sur Facebook, via sa section locale, un collage accusant deux professeurs de Sciences Po Grenoble d’«islamophobie» et de «fascisme», faisant craindre une nouvelle cabale à l’encontre des deux enseignants. «C’était une erreur de relayer ces photos», a d’ailleurs reconnu Mélanie Luce sur Europe 1. «Nous leur avons déjà présenté des excuses. En aucun cas l’UNEF n’a voulu lancer de vindicte», a expliqué la jeune militante, qui maintient que son syndicat est avant tout «universaliste».

Mais, pour Julien Aubert, cette nouvelle affaire des réunions «non mixtes» est la goutte de trop.

«L’UNEF cherche à capter une nouvelle clientèle d’étudiants pour survivre. Ils sont devenus le syndicat des minorités en important la pensée américaine sur les ethnies. Ils pratiquent une forme de clientélisme communautaire qui les pousse à devenir extrêmement tolérants sur le communautarisme islamique, par exemple», argue-t-il.

Le député du Vaucluse avait adressé un courrier fin novembre dernier à Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, pour réclamer «la création d’une mission d’information sur les dérives intellectuelles idéologiques dans les milieux universitaires». Une demande restée «sans réponse», déplore l’élu de droite, alors que la ministre de l’Enseignement supérieur a entre-temps annoncé vouloir enquêter sur «l’islamo-gauchisme» à l’université.

«Le fait que la majorité parlementaire refuse que le gouvernement enquête sur les dérives idéologiques à l’université en dit long», tacle Julien Aubert.
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