La crise économique, provoquée par la baisse du prix du pétrole, se fait ressentir dans tous les secteurs d’activités en Algérie. La pandémie de coronavirus est venue aggraver une situation déjà très complexe. Conséquence directe de cette double crise: le dinar, monnaie nationale, a perdu de sa valeur face à la monnaie européenne. En quelques semaines, il est passé de 140 dinars à 160 dinars pour un euro. Le pays se doit de trouver au plus vite des mécanismes pour relancer son économie et éviter une banqueroute qui risque de mener l’Algérie vers l’explosion sociale. C’est dans cette optique que la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) a élaboré un document en 62 propositions intitulé «De l’indispensable réussite du plan de relance économique». L’organisation patronale voit en cette crise une opportunité pour l’Algérie de rompre avec l’économie de rente.
«La crise actuelle doit être le facteur déclencheur d’une réforme profonde afin d’aller vers un nouveau modèle économique loin de la rente. C’est aussi une occasion de préparer notre économie à des échéances incontournables, celles d’un amenuisement drastique de nos réserves nationales d’hydrocarbures et de nos réserves de change qui servent jusqu’à maintenant à financer toute notre économie mais surtout les besoins essentiels de la population», écrit le CAPC en préambule.
Liberté d’investir
Parmi les propositions figurent des mesures permettant d’atteindre un taux de croissance de 8 à 10% dans les 10 prochaines années. Parmi elles, la création de zones de développement prioritaire dans les Hauts Plateaux et le sud du pays, l’implantation de zones industrielles le long des autoroutes ou encore le développement des échanges avec les pays du Sahel. Sami Agli, président du CAPC, explique à Sputnik que la première décision qui doit être prise en urgence par le gouvernement consiste à «acter la liberté d’investir».
«La liberté est reconnue par l’État algérien puisqu’elle est inscrite dans la Constitution. L’investissement doit être libre et non pas soumis à un agrément ou autre autorisation. Il est important de bâtir tout l’arsenal politique, légal et réglementaire en matière d’économie sur la base de ce principe», explique Sami Agli.
«Nous devons agir vite, car en termes de temps nous sommes en retard. Les réformes doivent être lancées immédiatement. Le poids de la crise économique et de la pandémie de Covid-19 aggrave une situation déjà très complexe. Il ne peut pas y avoir de sortie de crise sans un changement radical du modèle économique», souligne Sami Agli.
Blocages bureaucratiques
Les chefs d’entreprises membres de la CAPC, au même titre que l’ensemble des opérateurs économiques algériens, se plaignent des lenteurs administratives, voire de blocages bureaucratiques. Ainsi, parmi les 62 propositions de l’organisation patronale, figure une disposition pénalisant la bureaucratie.
«La bureaucratie n’est pas seulement une plaie pour les chefs d’entreprises, c’est surtout un véritable danger pour l’avenir économique de l’Algérie. Nous appelons aujourd’hui à pénaliser le blocage des investisseurs. Paralyser un projet économique créateur de richesses et d’emplois est un acte qui doit être puni sévèrement par la loi», insiste Sami Agli.
Avec près de 4000 membres, la Confédération algérienne du patronat citoyen regroupe des opérateurs du secteur privé. Anciennement Forum des chefs d’entreprises (FCE), cette organisation a changé de nom pour marquer ses distances avec l’ancienne équipe dirigeante qui était liée au clan d’Abdelaziz Bouteflika. Ali Haddad, dernier président du FCE actuellement en détention, est poursuivi par la justice algérienne dans différentes affaires de corruption et d’obtention de privilèges indus.