16 eurodéputés ont demandé à Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, «le remplacement immédiat» de l’ambassadeur de l’UE à Cuba, Alberto Navarro, pour avoir adressé une lettre ouverte à Joe Biden. Ils ont en partie obtenu gain de cause puisque le chef de la diplomatie européenne a rappelé son ambassadeur pour lui réclamer «des explications».
Dans quelle mesure ces accusations sont-elles justifiées? Alberto Navarro a publiquement critiqué l’embargo américain et il y a bien une divergence entre les positions américaine et européenne à l’égard de Cuba. Cette dernière escarmouche doit-elle être considérée comme un signe que l’Europe pourrait davantage s’aligner sur la posture des États-Unis vis-à-vis de la première île des Caraïbes?
Hernando Calvo Ospina, journaliste colombien, écrivain et réalisateur de documentaires, explique que ceux qui s’en prennent à Alberto Navarro ne sont pas forcément les plus crédibles sur le plan démocratique.
«Ce sont les Espagnols de la droite et de l’extrême droite qui ont demandé la démission de l’ambassadeur. Mais c’est aujourd’hui, l’Espagne qui est l’État le plus critiqué de l’Union européenne pour ses violences policières. C’est aussi le pays en Europe qui a le plus d’artistes en prison.»
L’ambassadeur à La Havane pourra-t-il survivre politiquement à cette cabale? Le journaliste pense que la position de l’Onu sur l’embargo pourrait jouer en sa faveur:
«Chaque année, l’Onu demande aux États-Unis de lever le blocus contre Cuba et historiquement, deux pays s’y sont toujours opposés: les États-Unis et Israël. De temps en temps, la Colombie ou le Brésil mettent aussi leur veto. Pour se défendre, Monsieur Navarro pourrait invoquer le fait qu’il a essayé de mettre en œuvre la politique que réclament les Nations unies.»