Le RN veut défendre l’environnement: la gauche a-t-elle perdu le monopole de l’écologie?

© AP Photo / Thibault CamusLa présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen
La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen - Sputnik Afrique, 1920, 10.03.2021
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Ce mardi 9 mars, Marine Le Pen a présenté un «contre-projet de référendum sur l’écologie», manière d’investir discrètement un champ politique préempté par la gauche. Opportunisme électoraliste en vue de 2022 ou réelle inquiétude pour le sort de la planète? Éléments de réponse avec Hervé Juvin, conseiller politique de la présidente du RN.
«Nous sommes en train de reprendre notre bien: l’écologie, c’est nous!» clame l’eurodéputé RN Hervé Juvin au micro de Sputnik.

Le mot d’ordre est clair dans les rangs du parti de Marine Le Pen: hors de question de laisser la défense de l’environnement aux différentes composantes de la gauche. «Il y a eu un hold-up de l’écologie par l’ultragauche, qui l’a totalement dévoyée. S’il n’y a pas de frontières ni de limites, la destruction des écosystèmes est inévitable», estime le conseiller en matière d'écologie de la candidate à la présidentielle. 

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Ce mardi 9 mars, la présidente du Rassemblement national a ainsi présenté le «contre-projet de référendum», réplique au plébiscite sur le climat annoncé par Emmanuel Macron le 14 décembre dernier. Au cœur du document rendu public par le RN, quinze questions sont posées, toutes susceptibles d’être soumises aux Français en cas de victoire de Marine Le Pen en 2022. Pêle-mêle: «Souhaitez-vous suspendre tout projet de construction d’éoliennes ou de grandes surfaces?», «Souhaitez-vous que la France continue d'investir dans le nucléaire?», «Souhaitez-vous que la responsabilité de l’importateur ou du distributeur puisse être engagée en cas de vente sur le marché français d’un produit défectueux ou non conforme à la réglementation?». En clair, le parti se revendiquant de la droite nationale entend opposer une démarche «localiste» à la vision «mondialiste» de l’écologie portée par certains militants.

«Nous voulons sortir d’une vision punitive ou idéologique de l'écologie et promouvoir une écologie humaine qui met l'économie au service du bien-vivre et de la santé, mais aussi au service de la préservation de la nature, de la biodiversité et de nos paysages», a ainsi déclaré Marine Le Pen en marge de la présentation du contre-projet de son parti.

L’écologie d’EELV, un «fondamentalisme vert»?

«Les menaces sur la santé humaine et sur la diversité des sociétés humaines et des cultures nous semblent plus importantes et plus globales que les alertes sur le dérèglement climatique», théorise Hervé Juvin. En janvier dernier, l’homme d’affaires créait avec Andréa Kotarac, transfuge de LFI, le Parti localiste. Rattaché à la galaxie du RN, ce mouvement entend peser sur les questions liées à l’écologie. Et, pourquoi pas, servir de rampe de lancement au parti de Marine Le Pen sur le plan des idées.

«Nous craignons en réalité que le dérèglement climatique serve à faire avancer un agenda globaliste d’uniformisation de toute chose sur cette planète. Le problème que pose l’écologie est global, mais les réponses doivent être locales et nationales», avance M. Juvin.  

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Est-ce à dire que l’écologie à la sauce RN n’est qu’une manière de réinvestir les thématiques identitaires chères au parti, dans une version repeinte en vert de la «préférence nationale», opposée au libre-échangisme des biens et des personnes? Ce mardi 9 mars sur l’antenne d’Europe 1, Éric Dupond-Moretti a fustigé le virage écolo opéré par le parti de Marine Le Pen. «Le localisme, c’est l’autarcie, le repli sur soi, la fermeture… et la xénophobie n’est jamais très loin de tout ça. Ça commence par le localisme, ça finit par le racisme», a ainsi éructé le garde des Sceaux. Une attaque qui ne passe pas pour Hervé Juvin:

«Éric Dupond-Moretti fait tous les jours la preuve qu’il n’en a pas grand-chose à faire des Français ainsi que de la sécurité et de l’identité de la France. Ses propos n’ont rien de surprenant. L’argument du “racisme” et de la “xénophobie” est bien souvent utilisé par ceux qui justement ont très peu d’arguments! C’est l’exercice de la bêtise en politique», réplique-t-il...vertement.

«Dire qu’il n’y a que des réponses globales au problème du réchauffement climatique, c’est déposséder les habitants d’un coin de Terre de leur capacité à décider de ce qui les concerne: l’écologie ne doit pas être le paravent du mondialisme et des multinationales», argue l’eurodéputé. Chantre de «l’écologie humaine» et conseiller de Marine Le Pen sur les questions ayant trait à l’écologie et au localisme depuis 2017, Hervé Juvin plaide pour une «écologie enracinée», en opposition à l’idéologie des Verts, qualifiée par le parti d’extrême droite de «punitive», voire de «fondamentalisme vert».

«L’écologie concerne une population de sédentaires enracinés sur un territoire et préoccupés avant tout par la mise en valeur de ce territoire. C’est toute la différence avec les nomades qui pratiquent la politique de la terre brûlée ou ces multinationales qui s’implantent quelque part, détruisent les ressources puis s’en vont rapatrier les bénéfices dans des paradis fiscaux», lance-t-il.

«Une escroquerie de grande ampleur»

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C’est pourtant peu dire que l’écologie n’est pas inscrite dans le logiciel du Rassemblement national, successeur du FN. Il y a une dizaine d’années, Jean-Marie Le Pen qualifiait ainsi l’écologie de «nouvelle religion des populations urbaines aisées, les “bobos gogos de l’Occident”», avant de mettre en doute la responsabilité de l’homme dans le réchauffement climatique. Ce mercredi 10 mars, l’eurodéputé (EELV) Yannick Jadot a dénoncé sur France 2 «l’opportunisme du Rassemblement national sur à peu près tous les sujets», renvoyant Marine Le Pen à «ses deux mentors, Donald Trump et Jair Bolsonaro», qui, «chaque jour, agissent contre l’environnement, agissent contre la justice sociale, agissent contre tout ce que l’écologie porte».

Pourtant, à en croire Hervé Juvin, la droite nationale serait pleinement fondée à aborder les questions liées à l’environnement. Pour l’essayiste, les Verts ont dévoyé le sens du combat écologique en abandonnant toute idée de souveraineté nationale et en renonçant au principe de subsidiarité. 

«Le grand drame des normes écologiques, c’est qu’on est en train de détruire les artisans, les indépendants et les petites entreprises au seul bénéfice des multinationales mieux équipées pour satisfaire des normes complexes», martèle l’eurodéputé.

Catégorique, M. Juvin assure que le RN est la «représentation légitime de la véritable écologie enracinée: celle des gens qui sont “de France” et non “en France”», là où la politique menée par l’exécutif «n’est pas simplement inefficace, c’est une escroquerie de grande ampleur». «Jamais on n’aura vu un gouvernement opérer autant de marches en arrière sur le plan de l’écologie», conclut-il.

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