Au-delà de la quantité importante de résine de cannabis saisie chaque année en Algérie, «le risque sanitaire du nouveau haschich marocain est énorme», affirme le lieutenant-colonel Yacine Boumrah, sous-directeur chargé de la toxicologie à l’Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC) de la gendarmerie nationale, dans un entretien accordé ce mercredi 10 mars à la Chaîne 3 de la Radio nationale.
«À partir de 2010, la culture du cannabis au Maroc a connu beaucoup de transformations», informe l’officier supérieur, précisant qu’«on a vu son industrie se transformer par l’introduction massive de variétés hybrides, à haut rendement, ce qui a permis d’augmenter la production et d’augmenter la puissance du haschich».
Et d’expliquer que «le haschich hybride présente des taux de Tétrahydrocannabinol (THC) [substance chimique active présente dans le cannabis, responsable des propriétés psychoactives, ndlr] élevés par rapport au haschich classique du Maroc».
«Des pourcentages de plus de 20%»
Selon le lieutenant-colonel Boumrah, «si dans les années 2010 on avait un haschich marocain avec un pourcentage en THC avoisinant 1%, soit une faible dose de principe actif, en 2020 on a eu du haschich avec des pourcentages de plus de 20%».
Dans le même sens, Yacine Boumrah indique que «le record en Algérie en principe actif dans le haschich moderne est signalé en 2020 avec une saisie de haschich avec un pourcentage au THC avoisinant les 50%, ce qui est vraiment énorme», soulignant qu’en France, par exemple, «le record est de 39%».
Comparable à «la cocaïne ou l’héroïne»
Enfin, le haut gradé met en garde: «Le haschich moderne a un pouvoir addictif plus élevé par rapport au haschich classique». «C’est un haschich qui est comparable aux drogues dures, à savoir la cocaïne ou l’héroïne», ajoute-t-il, précisant qu'«actuellement, plus de la moitié du haschich saisi au niveau national concerne ce haschich dangereux». «Plus de 1.000 tonnes de cannabis ont été saisies en 10 mois», conclut le responsable.
Selon les données 2019 de l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (UNODC), le Maroc est le premier producteur mondial de cannabis avec une quantité annuelle de 35.000 tonnes. Ces dernières semaines, un projet de loi visant à légaliser la plante pour un usage industriel et thérapeutique est en cours d’étude.