Après le refus de son dossier de candidature à l’élection présidentielle d’avril 2014 par le Conseil constitutionnel, l’ex-ministre du Trésor Ali Benouari (1991-1992) a créé en mars 2015 le parti politique Nida El Watan (L’Appel de la Patrie). Le but était de porter son projet présidentiel et de le diffuser dans la société algérienne «dirigée à l’époque par le pouvoir corrompu de l’ex-Président déchu Abdelaziz Bouteflika».
Depuis la réforme de la Constitution en 2016, M.Benouari, tout comme beaucoup d’Algériens de la diaspora, ne peut plus se présenter à la présidentielle en raison des dispositions, par ailleurs reconduites dans la Constitution de décembre 2019, conditionnant le dossier de candidature. En effet, le candidat doit jouir uniquement de la nationalité algérienne, et donc ne pas en avoir pris une autre, en plus du fait de résider en Algérie durant les dix années précédant l’élection. «Cette disposition visait particulièrement Ali Benouari et Rachid Nekkaz» qui avaient respectivement renoncé à leur nationalité suisse et française pour être candidats en 2014.
Un «stratagème indigne d’un État qui se respecte»
«Un certain Nazih Berramdane, conseiller du Président Tebboune [chargé du mouvement associatif et de la communauté nationale à l'étranger, ndlr], vient d’annoncer la création d’une nouvelle formation politique appelée à soutenir le programme du Président», écrit M.Benouari sur la page Facebook de Nida El Watan, créée en juin 2015, soulignant que pour ce faire, «il a choisi d’usurper le nom de mon parti». «Le stratagème utilisé pour une telle usurpation est indigne d’un État qui se respecte», lâche-t-il.
Condamnant le refus d’agréer son parti depuis mars 2015, Ali Benouari explique que «ce silence scandaleux m’a enfin amené à saisir le médiateur de la République, Mr Karim Younes [nommé par le Président Tebboune, ndlr], en date du 17 janvier 2020», sans résultat à ce jour.
«Cela confirme, pour ceux qui en doutaient, que le départ de Bouteflika [en avril 2019, ndlr] n’a en rien changé à la façon de procéder du pouvoir», déplore-t-il.
«Ce but est resté inchangé» malgré le Hirak
Malgré la discrimination politique dont il souffre depuis mars 2015, Nida El Watan a réussi «à se faire connaître et [à] partager largement ses idéaux et son programme, tant en Algérie qu’à l’étranger, et [à] porter les messages de son Président», assure Ali Benouari qui soutient que son parti «dérange car il n’a jamais accepté aucune compromission, d’aucune sorte, et son programme modéré est axé sur une refonte complète des institutions».
Il dénonce le fait que cette discrimination soit «l’axe d’une politique qui n’autorise que les partis proches du pouvoir à activer et à se présenter aux élections». «Depuis l’apparition du Hirak, ce but est resté inchangé», estime M.Benouari qui juge que le but est d’éviter que «les calculs du pouvoir» ne soient perturbés.
Enfin, l’ex-ministre du Trésor explique que «de cette façon, ce dernier n’aura plus aucune raison de trafiquer les élections à venir, assuré qu’il est, que le vainqueur lui sera toujours proche, sous des apparences d’élections libres et honnêtes».
Pourquoi l’usurpation de Nida El Watan?
Joint par Sputnik pour plus de précisions concernant les dessous de cette affaire, Ali Benouari, qui rappelle qu’il a donné deux interview, dont une le 16 février, à Russia Today (RT) France qui l’avait présenté comme Président du parti Nida El Watan, se demande pour quelle raison le conseiller du Président a procédé à cette usurpation?
«Est-ce juste l’incompétence d’un responsable qui en manque d’imagination s’est contenté d’usurper le nom d’un autre parti? […] Peut-être! Mais dans ce cas-là, le Président Tebboune devrait faire le ménage autour de lui pour se débarrasser de ces personnes qui portent atteinte à son image et à sa crédibilité nationale et internationale», lance l’ex-ministre.
Par ailleurs, il rappelle son soutien «aux actions de l'armée dans la lutte qu’elle a lancée contre "le gang" qui a mis à sac le pays», ajoutant qu’il «préconise le changement des billets de banque pour assainir l’économie nationale de l’argent sale et informel, la restitution des fonds détournés à l’étranger, notamment en France, et la taxation des biens des Algériens acquis dans d’autres pays».