Le groupe de soutien à la transition au Mali s’est montré strict ce 8 mars 2021 à Lomé sur le respect du délai des 18 mois donné au gouvernement de transition pour opérer les réformes nécessaires et passer la main à de nouvelles autorités issues des élections générales pour conduire le pays.
Ce groupe, qui rassemble les partenaires et amis du Mali, tenait dans la capitale togolaise sa deuxième réunion.
Co-présidée par l'Union africaine, les Nations unies et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), cette réunion intervient trois mois après la première, inaugurale, qui a eu lieu à Bamako le 30 novembre 2020.
Ce groupe de soutien avait reçu pour mission à l’occasion de «soutenir le gouvernement de transition et le peuple malien dans la mise en œuvre de la Charte de la transition et de sa Feuille de route», adoptées le 12 septembre 2020 à la suite des négociations entre les forces vives du Mali menées sous l’égide de la CEDEAO.
Le délai de 18 mois, qui court depuis septembre 2020, était en effet une prescription de cette charte, et rien ne doit empêcher le respect de ce délai, selon le groupe de soutien à la transition au Mali.
«Les participants ont rappelé à l’ensemble des forces vives de la nation malienne la nécessité de contribuer à la réussite de la transition compte tenu de la délicatesse de cette période. Dans ce contexte, ils ont insisté sur l’impératif du respect scrupuleux du délai de 18 mois prévu par la charte pour la transition», a indiqué Smaïl Chergui, commissaire pour la paix et la sécurité de l'Union africaine, lors de la lecture du relevé des conclusions de la réunion de Lomé.
L’impératif de réussir
En insistant sur le respect de ce délai de 18 mois, le groupe de soutien exerce une pression sur le gouvernement de transition au Mali, qui doit éviter coûte que coûte de s’éterniser au pouvoir.
Faure Gnassingbé, le chef de l’État togolais, avait déjà donné le ton à cette pression, dès l’ouverture des travaux en insistant sur la nécessité de faire de cette transition une réussite.
«L’enjeu de la cohésion social de ce vaste et beau pays nous interpelle, et nous rappelle que la réussite de cette période de transition n’est plus une option. Mais un impératif plutôt», a déclaré le Président togolais dans son discours.
«En effet, pour sauver les acquis importants obtenus et garantir la poursuite du processus de réconciliation engagé, à la faveur de l’accord d’Alger de 2015 [conclu entre Bamako et des groupes armés du nord, ndlr], nous n’avons d’autre choix que de réussir ou d’aider les Maliens à réussir cette transition», a-il ajouté.
Le 19 novembre dernier, la revue Africa Intelligence, réputée pour ses révélations sur les réseaux de pouvoir africains, affirmait que la diplomatie togolaise s'était montrée particulièrement active aux côtés du Mali pour vaincre les réticences de la junte à céder le pouvoir aux civils après son coup d'État contre le Président Ibrahim Boubacar Keïta, mené à la suite d'une forte mobilisation populaire.
«Mon engagement personnel pour une transition réussie dans ce pays repose non seulement sur l’impérieux devoir de solidarité, mais aussi et surtout, sur la communauté de défis et des enjeux sociopolitiques et sécuritaires qui se jouent en arrière-plan, avec des conséquences régionales et sous régionales certaines», s’est justifié le Président togolais Faure Gnassingbé.
Saluant dans le relevé des conclusions cet engagement, les participants à la réunion de Lomé ont d’ailleurs invité le Président togolais «à poursuivre ses efforts pour l’approfondissement du dialogue politique et le renforcement de la paix et la stabilité au Mali et dans le Sahel».
Une nouvelle commission électorale pour mener à bien les élections
La réussite de la transition politique au Mali repose sur un pilier essentiel qui, au-delà des importantes réformes politiques et institutionnelles, est la tenue des élections libres et transparentes dans les délais impartis.
Zeïni Moulaye, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, chef de la délégation gouvernementale du Mali à Lomé, s’y est engagé pour mars 2022, dans un entretien avec Sputnik à paraître le 9 mars.
«Nous pensons que les élections présidentielles se tiendront en mars 2022. La date n’est pas tout à fait précise pour l’instant», a-t-il rassuré au micro de Sputnik après la clôture des travaux.
Zeïni Moulaye a rajouté qu’une nouvelle commission électorale sera «très prochainement» installée pour finaliser avec l’administration territoriale le chronogramme complet du déroulement des élections.
À noter également que les participants à la réunion de Lomé ont exprimé leurs préoccupations, face au risque que pourront engendrer les mouvements sociaux déclenchés par plusieurs syndicats au Mali depuis le mois de février.
De son côté, la délégation gouvernementale malienne a promis d'organiser, dans les semaines à venir, une conférence à l’issue de laquelle pourrait être signé un pacte avec les acteurs sociaux pour un climat plus apaisé. Le groupe de soutien à la transition au Mali a lancé à ce titre un appel aux parties prenantes à privilégier «le dialogue et le compromis» en toute chose.
Le groupe de soutien à la transition au Mali avait été créé par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en octobre 2020. Il est notamment composé de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), de l’Union africaine, de la CEDEAO, ainsi que des pays voisins. Sa troisième réunion devra se tenir à Bamako en juin 2021.