La situation au Liban, où les manifestations font rage depuis le 2 mars, a été évaluée par le Premier ministre sortant, Hassan Diab.
«Le Liban est au bord de l'explosion après l'effondrement. Nous craignons d'arriver à un point où les risques ne pourraient plus être contenus», a-t-il déclaré cité par l'Agence nationale de l'information NNA.
Il a rappelé que le pays du cèdre restait toujours sans cabinet.
«Aujourd'hui, environ sept mois après la démission de notre gouvernement, le nouveau gouvernement n'a pas encore été formé, ce qui nous place dans la ligne de mire d'un grand dilemme, avec de nombreuses complications et des opinions divergentes concernant les pouvoirs du gouvernement intérimaire», a constaté Hassan Diab.
Dans ce contexte, il a évoqué la crise sociale et financière que traverse le Liban.
«L'équation est claire: nous ne pouvons pas résoudre la crise sociale sans trouver une solution à la crise financière, nous ne pouvons pas résoudre la crise financière sans reprendre les négociations avec le FMI, nous ne pouvons pas poursuivre les négociations avec le FMI sans entreprendre de réformes et nous ne pouvons pas mener de réformes sans former un nouveau gouvernement.»
Des manifestations ont éclaté dans l’ensemble du pays le 2 mars. Les manifestants mettent le feu à des pneus et bloquent des routes un peu partout dans le pays et des artères dans le centre-ville de Beyrouth. Ils exigent que les autorités commencent à agir pour faire sortir le pays de la crise économique et améliorer la vie de la population.
Un pays en crise
Les troubles ont éclaté après que la monnaie nationale a dégringolé pour se vendre à quelque 10.000 livres pour un dollar sur le marché noir, alors que le cours officiel des banques affiche 1.500 livres pour un billet vert. Les comptes en devises des déposants restent gelés depuis octobre 2019, tandis que les prix de nombreuses denrées alimentaires sont montés en flèche, de plus de 200% pour certaines.
A man ran his car into protesters in Choueifat, south of #Beirut.
— Nader Durgham | نادر درغام (@NaderDurgham) March 6, 2021
Reports of several injured.
Increasingly tense day in Lebanon today as the pound falls to its lowest value yet, 10,700 to the dollar.
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Depuis l'automne 2019, le Liban vit une profonde crise économique et politique. Deux gouvernements ont démissionné: celui de Saad Hariri sur fond de protestations et celui d’Hassan Diab après l'explosion qui a dévasté le port de Beyrouth. Fin septembre 2020, les autorités avaient prévu d'annoncer la composition d'un nouveau cabinet dirigé par Mustapha Adib. Mais ce dernier a annoncé le 26 septembre qu’il renonçait à former un gouvernement.
Saad Hariri s’est vu confier une nouvelle fois le poste de Premier ministre à la fin du mois d’octobre, mais de fait, aucun compromis satisfaisant toutes les parties n’a pu être trouvé.