«Le cannabis a de beaux jours devant lui» au Royaume chérifien, écrit le journal Aujourd’hui Le Maroc. En effet, sur fond de la décision de l’Onu en décembre 2020 reconnaissant des vertus thérapeutiques au cannabis, le gouvernement va examiner ce jeudi 25 février un projet de loi autorisant la culture et la transformation de cette herbe à des fins médicinales, confient des sources proches du dossier citées par le média.
«Ce texte est surtout destiné à réparer une injustice puisque la culture du cannabis profite à des réseaux organisés alors que les paysans ont des revenus minimes avec des expositions importantes sur le plan légal», écrit le quotidien.
En effet, à titre d’exemple, en 2003, l’Office des Nations unies pour la lutte contre la drogue et le crime (UNODC) a publié une enquête sur la production et le trafic du cannabis d’origine marocaine. Ce rapport indique que les petits paysans qui cultivent la plante ne tirent de leur activité que 214 millions de dollars par an, alors que les réseaux criminels peuvent en récolter jusqu’à 12 milliards de dollars.
Les dispositions du projet de loi
Nombreux sont les spécialistes à avancer des arguments médicaux, sociaux et économiques pour inciter les autorités à légaliser l’utilisation du cannabis à des fins thérapeutiques. Néanmoins, ils préconisent une vigilance accrue dans ce domaine et l’établissement d’une législation strictement encadrée pour organiser, le cas échéant, le secteur industriel et commercial de ce genre de produits.
Ainsi, selon les sources citées par Aujourd’hui Le Maroc, la culture du cannabis sera soumise à une licence et les exploitants sont tenus de se constituer en coopératives.
Le projet de loi stipule que l’octroi «de la licence de la culture et la production du cannabis est conditionné par la présentation d’un dossier qui prouve que le demandeur de licence satisfait les conditions suivantes: être de nationalité marocaine; avoir l’âge légal de la majorité; résider dans l’un des douars constituant l’une des provinces fixées par décret et s’engager dans des coopératives spécialement créées à cet effet».
Et de souligner que «les coopératives doivent conclure un contrat de vente, avec les entreprises de transformation et d’industrialisation du cannabis ou les sociétés d’exportation agréées, par lequel elles s’engagent à transférer la récolte qui leur est livrée par les agriculteurs et les producteurs aux entreprises susmentionnées». «Ainsi, une agence nationale qui sera créée va réguler le secteur», ajoute-t-il.
La décision de l’Onu
Au Maroc, le débat sur la légalisation de l’utilisation du cannabis à des fins thérapeutiques refait surface depuis que la Commission des stupéfiants des Nations unies (CND) lui a reconnu début décembre 2020 des vertus, sur recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le royaume chérifien a voté «oui» à la résolution de l’Onu qui a retiré le cannabis de la liste des stupéfiants à risques.
Selon les données 2019 de l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (UNODC), le Maroc est le premier producteur mondial de cannabis avec une quantité annuelle de 35.000 tonnes. En 2015, des députés avaient déposé un projet de loi visant à légaliser la plante pour un usage industriel et thérapeutique.
Selon le site d’information TelQuel, qui propose de prendre exemple sur Israël dans ce domaine, la légalisation de l’usage du cannabis à des fins médicales et industrielles au Maroc pourrait rapporter 100 milliards de dirhams (10 milliards d’euros) par an au pays.