Qui du F-16 ou du Rafale l’emportera en Croatie? Zagreb ne statuera finalement sur le modèle du remplaçant de ses Mig-21 qu’en avril, selon le quotidien Večernji list. Pour l’instant, on sait que deux modèles restent en lice. Il s’agit du F-16 Block 70/72 de Lockheed Martin et du Rafale F3-R de Dassault Aviation. Une bonne nouvelle pour l’avionneur tricolore, qui entrevoit la possibilité d’un second succès en Europe après le contrat passé par la Grèce fin janvier 2021.
Cela suffirait-il pour faire de l’ombre à l’industriel français qui, quant à lui, propose des appareils d’occasion qui seraient prélevés dans l’inventaire des forces armées françaises? Un choix qui ne serait pas sans conséquences sur la capacité opérationnelle de l’armée de l’air, en cas de victoire de l’offre de Dassault.
Comme en Grèce, Dassault propose des Rafale d’occasion
De son côté, l’échec israélien n’apparaît pas comme une surprise, dans la mesure où il est la raison de ce nouvel appel d’offres. En mars 2018, le gouvernement croate puis le Parlement validait le choix de 12 F-16 améliorés israéliens pour 500 millions de dollars, avant que l’Administration américaine n’oppose son véto, exigeant la suppression des mises à niveau de l’appareil effectuées par les Israéliens. Or c’est cette amélioration qui avait alors motivé la commande de Zagreb! Tel Aviv s’était confondu en excuses, avant de soumettre une nouvelle proposition, mais sans trop y croire.
Autre point noir de l’offre de l’État hébreu: l’âge des machines, qui affichent quarante ans de service. Un profil qui ne correspondait pas spécialement à ce que recherchent les Croates pour remplacer des appareils récupérés auprès des ex-forces aériennes yougoslaves ou achetés à des pays de l’ex-bloc soviétique.
Des contrats industriels à fort accent géopolitique
Fin décembre, ce pays aux confins des Alpes et des Dinarides était frappé par deux tremblements de terre. Le coût de la reconstruction ainsi que de l’aide d’urgence aux sinistrées des régions du centre, les plus touchées, devrait se situer entre 11 et 12 milliards d’euros. Si Zagreb assure pouvoir faire face à cette dépense colossale pour son économie (environs 20% de son PIB), l’achat d’avions de combat n’est plus la priorité du gouvernement.
Mais au-delà du prix ou de la qualité du matériel, l’argument déterminant des deux industriels reste le poids des États derrière eux. Un point sur lequel s’accordent les différents titres de la presse croate. Le choix du futur avion de combat multirôle sera avant tout politique. D’un côté, l’hyperpuissance américaine. De l’autre, un appareil produit dans la première puissance militaire de l’Union européenne. Le tout, à l’heure où Zagreb recherche un «ancrage politique fort» au sein de l’UE, comme le résume le quotidien Večernji list. Union européenne que la Croatie a rejointe il y a moins d’une décennie, à l’été 2013, quelques années après son entrée dans l’OTAN.