Face aux contradictions du gouvernement, la défiance des Français s’installe dans la durée

© AP Photo / Ludovic MarinEmmanuel Macron, archives
Emmanuel Macron, archives - Sputnik Afrique, 1920, 05.02.2021
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En cette période de crise sanitaire, les Français sont majoritairement mécontents des mesures prises par le gouvernement, affirme un tout nouveau sondage Odoxa. Une perte de confiance qui ne date pas d’hier, insiste l’éditorialiste Alexis Poulin pour Sputnik.

Près des deux tiers des Français, 60%, ne sont pas convaincus par l’action du gouvernement face à l’épidémie qui sévit depuis un an.

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C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé par Odoxa et Backbone Consulting pour Le Figaro et France Info. L’étude met aussi en évidence une «méfiance» de la part d’un Français sur dix. Certes, le scepticisme a reculé de 4% depuis le pic épidémique d’octobre. Mais, apparu dès le début de la crise, il semble s’installer dans la durée. Gaël Sliman, président d’Odoxa, évoque le «péché originel» de la pénurie de masques au printemps dernier comme élément déclencheur de cette perte de confiance.

«Le gouvernement récolte ce qu’il a semé», déclare quant à lui Alexis Poulin au micro de Sputnik: «Depuis un an, c’est une accumulation de couacs et de fiascos enrobés sous un discours lénifiant consistant à dire que tout ce qui est possible a été fait.»

Le co-fondateur du site Le Monde moderne n’a pas oublié non plus la cacophonie gouvernementale au début de la crise sanitaire: «Les Français ne sont pas dupes et tout le monde se souvient des déclarations contradictoires d’Agnès Buzyn ou de Sibeth N’Diaye lors du scandale des masques. Même le déconfinement orchestré par Jean Castex, désormais Premier ministre, a été raté.»

L’enquête détaille en profondeur les raison d’une insatisfaction chronique et révèle notamment que, pour 71% des Français, le gouvernement «n'a pas pris les bonnes décisions au bon moment». Une contestation sans doute motivée par la gestion du vaccin, unanimement décriée.

Plus inquiétant, ils seraient davantage encore à penser qu’on ne «leur dit pas la vérité» (73%). Le sentiment d’être dupé par l’État peut s’expliquer par les multiples changements de discours, sur le masque, le vaccin ou encore le confinement. Un ressentiment d’autant plus fort qu’«il n’est pas avéré que ces mesures sont efficaces», clame Alexis Poulin.

Inquiétude sur fond de crise sociale

Le sondage laisse également apparaître des fractures sociales accentuées par la crise. En effet, les plus insatisfaits sont majoritairement issus des classes populaires (68%), des zones rurales (64%) et des sympathisants du Rassemblement national (86%). En gros, les catégories oubliées par l’Élysée tant qu’elles ne revêtent pas un gilet jaune… Pour Alexis Poulin, ces chiffres résultent d’une gestion de la crise avant tout politique.

«La politique sanitaire d’Emmanuel Macron est entièrement axée sur sa potentielle réélection. Il ne parle donc qu’à ses supporters et ne fait rien pour recoller les morceaux avec les autres, laissant le pays dans un climat anxiogène. Le double discours, installé depuis longtemps, ne fonctionne plus.»

Inquiets pour l’avenir, les Français semblent, en revanche, se réjouir du déploiement des tests salivaires permettant de s’autotester (84% de soutien) ainsi que de l'autorisation en France des vaccins russe ou chinois (52%).

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Fait plus étonnant, ils seraient désormais majoritaires à accepter l’instauration d’un passeport vaccinal. 58% des sondés soutiendraient donc désormais la mise en place d’une vérification à l’entrée des restaurants et lieux de cultures. Ils seraient même plus de six sur dix à vouloir soumettre leur accès à des tests négatifs de moins de quarante-huit heures.

Alexis Poulin juge que cet enthousiasme voire cette résignation sont un leurre:

«Demandez autour de vous. Les gens sont au contraire majoritairement opposés à de telles contraintes. Ces sondages n’ont qu’un but: faire accepter des décisions inacceptables. Ne nous trompons pas, il s’agit pour les instituts de reprendre à la lettre ce que disent l’OMS et les laboratoires», s’emporte le chroniqueur.

Le malaise n’échappe à personne. D’ailleurs, l’institut de sondages YouGov le confirme dans une étude publiée le 3 février par Le HuffPost. Plus de huit Français sur dix estimeraient que les hésitations du gouvernement ajoutent à l’anxiété ambiante. La confiance règne!

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