Une «incapacité à agir vite, fort et bien»: c’est ainsi que le président de Debout La France juge la campagne sanitaire du gouvernement.
Au micro de Sputnik, Nicolas Dupont-Aignan accuse le pouvoir de s’obstiner aveuglément et par «pur orgueil» dans des mesures infondées. Des solutions alternatives et «simples» seraient selon lui possibles. «La France aurait pu agir en amont et éviter des règles aussi dures», déplore-t-il, tandis qu’en choisissant de maintenir un couvre-feu et de laisser les restaurants fermés, l’État prend «des décisions lourdes» de manière totalement «aléatoire».
«Le gouvernement s’entête avant tout parce que le Premier ministre a été désavoué par Emmanuel Macron [en refusant d’ordonner un troisième confinement, ndlr.] et qu’ils ne veulent pas avoir l’air de revenir sur des erreurs. Il ne faut pas aller chercher plus loin», tacle le patron de Debout La France.
Pire encore, le chef de l’État maintiendrait ces mesures «par la culpabilisation du peuple et avec des mesures vexatoires», accuse-t-il, évoquant les menaces de sanctions pesant sur les récalcitrants. De fait, lundi 1er février les restaurateurs étaient appelés par quelques trublions à rouvrir, malgré l’interdiction du gouvernement. L’encouragement à la «désobéissance civile» a été lancé par plusieurs restaurateurs et élus, qui entendaient faire front pour sauver emplois et vie sociale. C’était toutefois sans compter sur les éventuelles conséquences pénales: l’opération, qui menaçait d’être une fronde nationale, a finalement tourné court.
Le jour même, Bruno Lemaire annonçait une suspension des aides pour les établissements qui ne respecteraient pas la loi. De quoi refroidir les plus prompts à la fraude, puisque même le restaurateur Stéphane Turillon, l’un des initiateurs du mouvement, a fini par laisser portes closes et servir des repas à emporter. Selon le président de Debout la France, cette façon de «fonctionner à l’intimidation» s’avérerait emblématique du manque de cohérence et d’efficacité de l’exécutif dans cette crise.
L’Europe en décalage
Ce 2 février, c’est Alain Griset, ministre délégué chargé des PME, qui s’exprimait sur la fermeture des restaurants, en vigueur dans le pays depuis déjà trois mois. «Si on arrive à descendre en dessous de 10.000 contaminations par jour en direction des 5000 […], on aura des perspectives intéressantes», justifiait-il sur La Chaîne Parlementaire. Les contaminations seraient à l’heure actuelle de l’ordre de 18 à 20.000 nouveaux cas par jour.
En Italie, pays qui vient de décider la réouverture des bars, restaurants et musées en journée et tout en maintenant le couvre-feu, le nombre de contaminations par million d’habitants est inférieur à la France [200 contre 317]. En Espagne, où les contaminations sont en revanche bien plus élevées [près de 700], c’est par région que les décisions sont prises. Ainsi, à Madrid ou en Catalogne, bars et restaurants sont autorisés à servir des tables de 4 personnes maximum, tandis qu’ils restent fermés à Valence ou en Galice.
Italie, Espagne, Norvège, Malte… Partout les restaurants ouvrent dans des conditions strictes. Sauf en France, où le gouvernement n’a eu comme réponse que la menace financière à l’égard de restaurateurs ! Et ce alors que l'intérêt sanitaire des fermetures est démenti (Stanford) pic.twitter.com/kOrjTKowOa
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) February 2, 2021
Pour l’ancien maire d’Yerres, ces solutions régionales auraient dû être adoptées par la France qui, «à la place, fait un fiasco complet» dans toute sa campagne sanitaire.
«C’est terrible et je pense que cela tient à plusieurs choses: d’une part à une technostructure du ministère de la Santé, qui est lui-même totalement nul et incompétent; d’autre part à un gouvernement cynique et qui n’a aucune expérience du terrain; et enfin à une situation difficile –car il ne s’agit pas de le nier– malheureusement mal gérée sur le plan administratif.»
Pourtant, tandis que les pays nordiques appliquent également des mesures sanitaires bien plus légères avec un relatif succès dans le contrôle de l’épidémie, des contre-exemples peuvent être mis en avant. Le Portugal, qui est actuellement l’un des pays les plus touchés par l’épidémie, a tourné librement depuis le début de l’été dernier jusqu’à janvier, avant de devoir faire volte-face et reconfiner la population.
Entêtement dans «une méthode inefficace»
Pour Nicolas Dupont-Aignan l’exemple portugais ne donne pour autant pas raison à la méthode française, au contraire. Que l’on prenne des mesures quand cela devient nécessaire coule de source, tempère l’élu. En revanche, «bloquer le pays de manière préventive», alors que solutions concrètes existent relève du «non-sens». C’est à cet excès de précautions que s’attaque le député souverainiste.
«Je ne dis pas qu’il faille tout rouvrir de manière inconsciente, je dis seulement qu’une stratégie d’adaptation à chaque situation et chaque région est possible. Il y a un juste milieu entre le tout ou rien et il suffit d’ouvrir les restaurants qui peuvent offrir une protection sanitaire correcte», clarifie le député de l’Essonne.
Du reste, si le gouvernement persiste à maintenir des mesures dont le bien-fondé est remis en question par certains scientifiques, la mesure la plus insensée selon Nicolas Dupont-Aignan est sans conteste le couvre-feu à 18h. «En Italie, c’est 22 heures, dans certaines régions d’Espagne 23 heures. 21 heures, voire 20 heures à la limite, mais 18 heures, ça n’a aucun sens! Ça force les gens à s’entasser bêtement […] on a l’impression qu’il y a là une sorte de plaisir malsain», avance le président de Debout la France.
Pourtant, il ne veut pas stigmatiser une «mauvaise gestion de la crise». Mais, s’il dit comprendre les difficultés que rencontre le gouvernement et reconnaît que les Français sont un peuple «particulièrement dur à diriger», cela ne saurait tout justifier. Des choses relativement simples, «à commencer par l’augmentation du nombre de lits ou même la réquisition d’entreprises» auraient été à ses yeux négligées.
Aujourd’hui, alors que la situation de la France est pire que celle du Brésil, rapportée au nombre d’habitants, avance l’élu (108,27 morts pour 100.000 habitants contre 113,55/100.000 habitants pour la France), ces restrictions n’ont permis d’éviter «ni un nombre de morts élevé ni une souffrance sociale extrême.» Il serait donc temps d’agir «avec des mesures ciblées», au lieu de pénaliser la population entière.