Au poste-frontière de Sèmè-Krakè, commun au Nigeria et au Bénin, c’est toujours le statu quo. Les camions nigérians transportant des marchandises demeurent en stationnement, dans l’incapacité de passer de l’autre côté.
Marchandises bloquées
Côté béninois, cette réouverture, qui n’en est finalement pas une, préoccupe le gouvernement qui use des couloirs diplomatiques pour en comprendre les raisons et lever les goulots d’étranglement. L’objectif est de permettre aux transporteurs et commerçants du Bénin de retrouver le plus rapidement possible la route de Lagos, la plus grande ville du Nigeria et de l’Afrique.
Le sujet sera inscrit à l’ordre du jour des discussions entre le Président béninois Patrice Talon et son homologue nigérian, Muhammadu Buhari, à l’occasion d’une visite de travail au Nigeria actuellement en préparation, a annoncé à Sputnik le ministre béninois de la Communication et porte-parole du gouvernement Alain Orounla.
«Il a été question de certaines pressions du côté du Nigeria pour que la réouverture ne soit pas effective, mais je crois que le Président de la République va se rendre là-bas pour lever les goulots d’étranglement», a affirmé Alain Orounla.
Certes, ce déplacement n’est pas exclusivement motivé par la résolution de ce problème, affirme le porte-parole, puisqu’il permettra d’évoquer aussi d’autres questions bilatérales. Toutefois, «nous n’allons pas faire comme si ce sujet n’existait pas», a-t-il ajouté.
Avec le Covid, «chaque État fait ce qu’il veut»
Le 7 janvier dernier à Accra au Ghana, la non-effectivité de la réouverture de la frontière de Sèmè-Krakè avait déjà été évoquée par les chefs de la diplomatie des deux pays en marge de l’investiture du Président ghanéen Nana Ado Dankwa Akufo-Addo pour un deuxième mandat de quatre ans.
«Il n’y a rien qui bloque du côté du Bénin. Ce sont eux [les Nigérians] qui ont annoncé la réouverture, le Bénin ne leur a pas forcé la main. Le Nigeria est resté sur sa position durant toute une année [16 mois, ndlr] et il a finalement décidé de lâcher du lest», rappelle-t-il.
Le ministre béninois ne semble pas convaincu par la pertinence des motifs évoqués à l’époque par le Nigeria pour justifier la fermeture de ses frontières terrestres, conduisant au blocage des flux commerciaux à l’échelle sous-régionale. «Il n’est pas normal que pour de telles raisons on puisse fermer une frontière entre deux États.»
Il cite en exemple son propre pays qui, nonobstant les conditions sanitaires exceptionnelles liées à la pandémie de Covid-19, n’a pas fait le choix de l’isolement, avant de conclure :
«Maintenant qu’il y a le Covid-19, chaque État fait ce qu’il a envie de faire. Malgré la pandémie, le Bénin a maintenu ses frontières ouvertes partout, à l’est comme à l’ouest. Le Togo, lui, a fermé les siennes.»