Iran, Chine, Russie: quand les meilleurs ennemis des USA ironisent sur l’assaut du Congrès par des pro-Trump

© REUTERS / Leah MillisLes partisans du président américain Donald Trump se réunissent à Washington
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Les images du Congrès américain pris d’assaut par des partisans de Trump ont sidéré le monde. Certains responsables politiques et médiatiques, entretenant des relations parfois houleuses avec les États-Unis, en ont profité pour adresser quelques piques, plus ou moins sarcastiques, à Washington. Florilège.
«Le Venezuela exprime sa préoccupation face à la violence qui se déroule à Washington; il condamne la polarisation politique et espère que le peuple américain pourra ouvrir une nouvelle voie vers la stabilité et la justice sociale», a déclaré Jorge Arreaza, ministre des Affaires étrangères vénézuélien.
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Les images surréalistes de partisans du Président Trump prenant d’assaut le Congrès américain pour empêcher ce dernier de valider la nomination de Joe Biden ont suscité de vives réactions tout autour du globe. Certains dirigeants, notamment ceux provenant de pays ciblés par les critiques de Washington sur l’état de leur démocratie, ont pris un malin plaisir à réagir à cet événement.

​Traduction: Nous suivons avec inquiétude les événements aux États-Unis et nous invitons les parties au calme. Nous sommes convaincus que les problèmes seront toujours résolus dans le cadre du droit et de la démocratie. Nous, la Turquie, avons toujours été en faveur du droit et de la démocratie et nous la recommandons à tous.

Le Président de l’Assemblée nationale turque, le docteur Mustafa Sentop, appelle les États-Unis, avec une ironie à peine dissimulée, à revenir à l’État de droit et à la démocratie. Son Président, Recep Tayyip Erdogan, n’a pas non plus tardé à réagir, se disant «inquiet» des événements qui se sont produits à Washington. La Turquie a fait l’objet ces dernières années de vives critiques de la part des États-Unis.

«La démocratie occidentale est fragile et vulnérable»

L’Iran a également fait passer un message, dont l’ironie est à peine dissimulée. Dans un discours diffusé par la télévision d’État, Hassan Rohani, le Président iranien, a déclaré:

«Ce que nous avons vu aux États-Unis hier soir et aujourd’hui montre avant tout à quel point la démocratie occidentale est fragile et vulnérable.»

Les élus américains, Républicains comme Démocrates, apprécieront. En particulier à l’aube de l’ouverture des négociations sur le retour de Washington et Téhéran dans l’accord sur le nucléaire iranien.

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En Chine, le média d’État Global Times s’est amusé à reprendre la sémantique utilisée par la presse et certains dirigeants américains lors des violentes manifestations qui avaient secoué Hong Kong.

Une révolution de couleur à Washington?

Lors des manifestations dans le hub financier asiatique, Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre américaine des représentants avait qualifié les manifestants de «héros». Le média chinois se demandait donc «si elle dira la même chose à propos de la situation au Capitole.» Une image valant parfois mille mots, la caricature publiée par le journal illustre bien son argument:

​En Russie aussi, certaines personnalités politiques n’y sont pas allées de main morte. Le président de la commission des affaires étrangères de la chambre haute russe, Konstantin Kossatchev, a déclaré:

«Le camp perdant a plus que suffisamment de raisons d’accuser le gagnant de falsification –il est clair que la démocratie américaine boite sur ses deux pieds.»

Même analyse sur la fragilité démocratique des États-Unis chez Leonid Sloutski, président de la commission des affaires internationales de la Douma d’État, qui soulève l’analogie avec les révolutions de couleur dans les anciennes républiques soviétiques, et de prophétiser des crises pires encore:

«Les troubles au Capitole qui ont interrompu l’affirmation officielle des votes électoraux au Congrès jettent certainement une ombre sur l’ensemble du processus de transfert démocratique du pouvoir […] Comme nous pouvons le voir, le boomerang des “révolutions de couleur” [dans les pays post-soviétiques, ndlr] revient aux États-Unis. Tout cela menace de se transformer en une crise du système de pouvoir américain au cours du nouveau siècle.»

Au Cambodge, Sok Eysan, sénateur et porte-parole du Parti du peuple cambodgien au pouvoir, s’est également interrogé sur la légitimité démocratique américaine en comparant son pays avec le géant américain: «Si les États-Unis connaissent la fraude électorale et la corruption, quel pays est le plus propre?»

Les chancelleries occidentales inquiètes

Dans la plupart des chancelleries occidentales, les dirigeants ont pris la parole pour exprimer leur déception face au déroulement des événements et leurs incertitudes par rapport à leurs conséquences.

«Ces photos m’ont rendue furieuse et triste», a déploré jeudi la chancelière allemande Angela Merkel. «Je regrette profondément que depuis novembre, le Président Trump n’ait pas accepté de perdre, et ne l’ait pas fait à nouveau hier.»
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Selon Macron, «ce qui est arrivé aujourd'hui à Washington n'est pas américain»

Emmanuel Macron, drapeau français, européen et américain en arrière-plan, a pour sa part expliqué, l’air presque inquiet, que «ce qui est arrivé aujourd’hui à Washington n’est pas américain, assurément.» Le décor de l’allocution d’Emmanuel Macron sur le sujet et la présence d’un drapeau américain n’a d’ailleurs pas laissé indifférent dans la classe politique française, comme en témoigne ce tweet de Jean Lassalle:

​La Toile s’en est aussi donné à cœur joie pour ironiser sur cette prise d’assaut du Congrès par les partisans de Donald Trump. La comparaison avec l’invasion américaine de l’Irak en 2003, pour y trouver de fictives armes de destruction massive et y rétablir la démocratie, a été maintes fois soulevée:

​Tout comme ce tweet qui demande si les États-Unis doivent envahir les États-Unis pour y rétablir la démocratie:

​Le coût de cet épisode au Capitole, aussi bien au niveau national qu’un international, risque d’être élevé pour l’image des États-Unis. 

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