Projet de loi imposant la vaccination: pourquoi le gouvernement recule-t-il?

© AP Photo / Ludovic MarinOlivier Véran durant un point presse à propos du Covid-19
Olivier Véran durant un point presse à propos du Covid-19 - Sputnik Afrique
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Le projet de loi sur l’état d’urgence sanitaire est «reporté», a annoncé Olivier Véran au 20 heures de TF1. Une marche arrière éclair qui fait suite à la levée de boucliers dénonçant une atteinte aux libertés. Parmi les oppositions: celle du Rassemblement national, accusé par le ministre de véhiculer des rumeurs. L’élu Julien Odoul répond.

La clarification sur le vaccin était attendue. Elle a eu lieu ce mardi 22 décembre au JT de TF1. Alors que la campagne vaccinale doit débuter dimanche –le vaccin Pfizer-BioNTech ayant reçu l’aval de l’Agence européenne du médicament–, le gouvernement s'est trouvé empêtré, cette semaine, dans une affaire qu’il n’avait, semble-t-il, pas anticipée. Si bien qu’il a dû –fait rarissime– déprogrammer le vote d’une loi pour tenter de «clore le débat». C’est donc le ministre de la Santé en personne qui s’est fait le devoir d’aller annoncer à la télévision qu’il n’y aurait pas de «passeport vaccin» et que la vaccination ne serait pas rendue, même indirectement, obligatoire.

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L’ultime controverse est née après la proposition de loi émise par Jean Castex lundi, en Conseil des ministres, portant sur les «urgences sanitaires». Une proposition qui n’est pas restée longtemps confidentielle. Fervent opposant au passeport vaccinal, le RN avait alors contribué à dénoncer un projet jugé «liberticide». Très vite, des contestataires de tout bord lui emboîtaient le pas, dont plusieurs médecins, comme Philippe Juvin.

Un rétropédalage «en à peine vingt-quatre heures»

Le chef des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou et maire Les Républicains de La Garenne-Colombes jugeait sur Twitter ce projet «inacceptable». Pour Julien Odoul, conseiller régional RN de Bourgogne-Franche-Comté, farouche opposant à la vaccination obligatoire, nul doute que le soulèvement numérique de ces deux derniers jours a causé le renoncement de l’exécutif.

«C’est la montée au créneau des Français contre ce projet antidémocratique qui a fait reculer le gouvernement en à peine vingt-quatre heures. S’il n’y avait pas eu cette mobilisation générale, initiée notamment par le Rassemblement national, la loi serait passée sans aucun doute. Elle venait déjà d’être présentée aux ministres et déposée à l’Assemblée», affirme pour Sputnik l’élu RN.

Le texte sulfureux prévoyait en outre de «subordonner les déplacements des personnes, leur accès aux moyens de transport ou à certains lieux, ainsi que l'exercice de certaines activités» à certains justificatifs. Figuraient notamment dans ce texte la présentation des résultats de tests ou encore de vaccins.

Une tentative de légiférer discrètement qui ne doit rien au hasard et dont la majorité est coutumière, estime Julien Odoul : «Le gouvernement profite de cette période des fêtes pour semer le trouble et faire passer des lois en douce. C’est aussi le cas pour le dispositif de répartition des demandeurs d’asile qui sera appliqué si nous ne nous mobilisons pas», glisse l’élu régional.

Des «justifications» et une possible «récidive»

Marine Le Pen figure parmi les premières personnalités à avoir mis en lumière ce texte présenté par le Premier ministre. Olivier Véran n’a pas manqué de riposter, dénonçant «une mauvaise polémique venue du Rassemblement national».

Une manière de justifier l’erreur du Premier ministre selon Julien Odoul:

«C’est sa manière habituelle de nous dénigrer. Accuser son contradicteur de complotisme en est la nouvelle variante. Avant, on nous faisait passer pour des populistes, voire des fascistes, maintenant on véhicule des théories du complot lorsque l’on s’oppose à sa politique», dénonce le délégué général de Marine Le Pen pour l’Yonne.

Malgré tout, la partie n’est pas finie. Lors de son point sur la vaccination, Olivier Véran a été clair: le projet de loi n’est pas supprimé, 

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mais simplement reporté «de plusieurs mois» voire à «après la crise». Une mesure qui reste donc justifiée pour l’exécutif, même s’il semble la nuancer, notamment via son porte-parole Gabriel Attal, lequel déclarait qu’elle permettrait de «nous préparer à la fin de l'état d'urgence sanitaire, le 1er avril 2021», mais plus encore d'«établir un cadre juridique durable face aux crises sanitaires».Le risque est que ça recommence, craint Julien Odoul: «Comme l’exécutif n’arrive pas à convaincre les Français sur la question des vaccins, il tente de passer en force par tous les moyens.»

Contraindre «au lieu de donner l’exemple»

Si le rejet de l’obligation de fait des vaccinations semble avoir été quasi unanime, émanant aussi bien de La France insoumise, que des républicains ou encore du Parti socialiste, la question de la campagne vaccinale et la manière dont il faudrait la mener reste en suspens. Pour le Rassemblement national, le gouvernement manque simplement de pédagogie et devrait commencer par donner l’exemple.

«Au lieu de sensibiliser ou bien encore de donner l’exemple en se faisant vacciner, le gouvernement tente de rendre la chose obligatoire en catimini», tance Julien Odoul. Avant de conclure: «Nous pourrions aussi prendre un peu de recul et attendre le vaccin Sanofi pour privilégier un peu l’industrie française, par exemple.»
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