L’Agence européenne des médicaments (EMA) a donné le top départ: les premières doses de vaccin contre le Covid-19 pourront être administrées avant la fin du mois.
Merci @JeanCASTEX, les journées européennes de la vaccination seront un grand moment d’unité et d’espoir.#EUvaccinationdays https://t.co/mLAR7PGYWg
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) December 21, 2020
Ils remettent notamment en cause le manque de recul et de sécurité, alors que le vaccin aurait été élaboré et testé trop rapidement. Une thèse que relayait, entre autres, le déchu professeur Perronne, récemment démis de ses fonctions de chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches.
Le Gouvernement veut vacciner 14 millions de personnes alors qu’on ne sait pas si ce #vaccin empêche d’être porteur de la maladie et de la transmettre : c’est une folie ! Il est nécessaire d’avoir plus de recul afin de garantir la sécurité de ce vaccin. #COVID19 pic.twitter.com/PkZOrwttF3
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) December 20, 2020
Vice-présidente de la Société française de Virologie, Mylène Ogliastro reconnaît la rapidité exceptionnelle de la mise en place du vaccin, mais défend quant à elle sa fiabilité et l’urgence de sa distribution.
«10 ans de recherche» en quelques semaines
Il faut agir maintenant, plaide Mylène Ogliatro. Pour celle-ci, si un recul est toujours appréciable, l’efficacité du vaccin ne fait aucun doute, compte tenu des essais cliniques et de l’approbation des hautes autorités en la matière.
«Les signaux paraissent au vert au regard de ce qui a été publié par la FDA américaine [Food and Drug Administration, ndlr] et l’Agence européenne du médicament. Ces tests ont été réalisés sur plusieurs dizaines de milliers de personnes dans toutes les categories d'age et ces vaccins montrent une efficacité excellente avec des effets secondaires relativement classiques. Ces données montrent que ces vaccins sont prêts à être administrés. Il ne me parait souhaitable d'attendre compte tenu du risque que représente la maladie pour beaucoup d'entre nous.», insiste la virologue en entretien avec Sputnik.
Pour autant, «aucune étape n’a été grillée», souligne-t-elle, et le vaccin a simplement bénéficié de l’avancée de la recherche scientifique:
«La mise au point d’un vaccin, c’est une dizaine d’années en moyenne, cela inclut le temps de recherche pour cibler la bonne molécule à injecter, puis le temps de la construction des outils. Grâce aux précédentes épidémies de SARS (2001 et 2012), on connaissait ce type de virus et la cible à viser par un vaccin (la protéine “Spike”). Ce sont cinq à huit ans de recherche qui ont été gagnés".»
Des travaux qui datent des années 2000 et portaient originellement sur l’immunothérapie anti-tumeur. La seule nouveauté –et non des moindres– sera leur application à grande échelle.
Le vaccin à toute épreuve?
Déjà source d’inquiétude en lui-même, le vaccin cristallise d’autres angoisses. Celle des effets secondaires notamment, qui toucheraient une personne sur deux. La scientifique nous assure toutefois que, d'après les publications, ces effets (maux de tête, douleurs au point d'injection, fatigue et éventuellement fièvre) sont transitoires (1-2 jours) et qu'aucun cas grave n'a été signalé. Ils sont aussi le signe d’un bon fonctionnement des anticorps, bien que n'étant «pas recommandés pour des personnes présentant des risques d'allergies élevés».
Qu’à cela ne tienne, pour Mylène Ogliastro, l’adaptation du vaccin peut attendre. Rappelant que «les dépenses publiques et celles de Pfizer ont été considérables» et que «la priorité a été donnée aux études tests» afin proposer un vaccin le plus fiable possible, la chercheuse à l’Institut national de la recherche agronomique le répète: il ne faut certainement pas reporter la campagne de vaccination, qui sera dans tous les cas efficace.
D’autant plus que la nouvelle souche pourra être combattue «plus tard, dans les années à venir.» Elle l’aura d’ailleurs déjà été indirectement, «grâce à la réactivité de ce premier vaccin.»
Miser sur le «bon sens» citoyen
De quoi rassurer les sceptiques? Pas certain, si l’on en croit les différents sondages mettant en évidence le refus d’une majorité de Français de se faire vacciner. Une contestation alimentée dernièrement par le spectre d’une vaccination rendue obligatoire, notamment via la proposition du «passeport vert», qui serait délivré uniquement aux personnes vaccinées, ou dernièrement via le projet de prolongement indéfini de l’«état d’urgence sanitaire», qui contient des mesures potentiellement liberticides, dont la possibilité de mettre en place le fameux «passeport sanitaire».