L’Allemagne arrive à la fin de son mandat de deux ans en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Onu. Avant son départ, elle semble déterminée à châtier la Russie et la Chine, deux membres permanents.
Moscou, en revanche, a dénoncé le «comportement hypocrite» de l’Allemagne et de l’Occident en général, affirmant qu’il empêchait le Conseil d’en faire plus pour la Syrie. Pékin a ajouté que si Berlin cherchait à devenir membre permanent, «le chemin serait difficile». Alors qui a raison et qui a tort dans cette querelle? Et quels sont les intérêts qui la sous-tendent?
Le colonel Alain Corvez, conseiller en stratégie internationale, ancien conseiller du général commandant la Force des Nations unies déployée au Sud-Liban (FINUL) et ancien conseiller aux ministères de la Défense et de l’Intérieur, réagit aux déclarations de l’Allemagne, qui accuse la Russie et la Chine d’avoir voté la fermeture des frontières, ce qui aurait bloqué l’aide humanitaire:
«La Chine et la Russie ferment les frontières pour que les terroristes qui viennent de Turquie ne puissent pas venir soutenir –dans la poche d’Idlib en particulier, mais ailleurs également– les terroristes qui sont déjà sur le terrain. La Russie comme la Chine ont des problèmes avec la Turquie à ce sujet, parce que la Turquie est hypocrite et joue un double jeu en Syrie.»
Le colonel explique l’impact du comportement de l’Allemagne sur ses ambitions:
«Je crois que l’Allemagne a perdu des chances que sa place puisse un jour être reconnue au Conseil de sécurité comme membre permanent, parce qu’effectivement, elle a eu un comportement de pays totalement aligné sur la politique américaine, soutenant totalement la politique américaine en Syrie, bien sûr, mais aussi sur les autres problèmes cruciaux du monde. Et donc, l’idée d’une Allemagne présente au Conseil de sécurité s’est plutôt éloignée que rapprochée.»