En utilisant des applications de géolocalisation comme Strava, qui enregistrent les parcours cyclistes des utilisateurs, des soldats et membres des forces spéciales mettent en péril leur mission et leur propre sécurité, avertit Mediapart jeudi 10 décembre. Après une recherche en ligne, le média a pu mettre la main sur 1.000 profils sur Strava liés à des militaires français.
Le site d’information épingle également l’usage des réseaux sociaux. Certains ont gardé leur profil Facebook public, permettant à n’importe qui de collecter des informations sur leur nom, famille, adresse, voyages, etc. Mediapart a également pu identifier 1.500 photos et vidéos de soldats engagés dans l’opération Barkhane, révélant des informations sur leurs équipements et leur localisation.
«Les Français et notamment les militaires français sont des cibles permanentes des mouvements djihadistes, qui font des rappels réguliers contre la présence française et posent des justifications théologiques à la violence contre eux», explique au média Yvan Guichaoua, spécialiste des mouvements armés au Sahel, pour qui il est «envisageable» que des photos de militaires français circulent parmi les terroristes afin de déterminer les cibles à abattre.
Mesures des autorités
Outre les recommandations du ministère de la Défense sur la publication de photos et autres informations ainsi que l’activation de la géolocalisation sur les appareils mobiles, l’état-major a publié un «guide du bon usage des réseaux sociaux» et assure que les militaires sont régulièrement formés et sensibilisés à la gestion de leurs informations en ligne.
Il a également fait savoir à Mediapart que «des ordres ont été donnés pour interdire l’utilisation de certains appareils connectés, que ce soit dans les enceintes militaires ou à l’extérieur». Il est aussi prohibé de publier des photos, vidéos, et autre parcours fitness en lien avec les forces déployées. Il n’a toutefois pas précisé quelles sanctions étaient prévues en cas de non-respect de ces règles.
Toujours selon le journal en ligne, il serait néanmoins difficile pour le ministère des Armées de prohiber l’utilisation d’Internet, au risque de ne plus maintenir une «attractivité» du métier auprès des jeunes recrues, de l’aveu même de Florence Parly. Ces dernières années, la tendance a d’ailleurs davantage été de fournir une connexion gratuite à toutes les garnisons, y compris à l’étranger.