Ce 8 décembre, deux jours avant la réunion du Conseil européen qui pourrait être décisive dans les relations entre la Turquie et les États membres de l’Union, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, a rappelé que son pays envisageait toujours une adhésion à l’UE. Une déclaration qui peut étonner tant les divergences entre ces deux voisins sont nombreuses: Libye, Méditerranée orientale, Haut-Karabakh…
En effet, ces 10 et 11 décembre, les chefs d’État des pays membres de l’UE pourraient décider de prononcer des sanctions contre la Turquie. Et ce, une semaine seulement après les menaces que Mike Pompeo, secrétaire d’État américain, a proférées à l’encontre d’Ankara, lors de la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Otan.
Des décisions politiques très peu envisageables, estime Didier Billion, directeur adjoint de l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). De fait, si les États-Unis et l’Union européenne sanctionnaient la politique de Recep Tayyip Erdogan, la Turquie pourrait s’éloigner de manière significative des pays occidentaux et se lier davantage aux puissances orientales, russes et chinoises notamment.
Le spécialiste de la Turquie considère que l’attitude actuelle de l’Administration Trump s’explique plus par sa volonté de nuire au probable mandat de Joe Biden que par un désir de rupture avec Ankara, contraire aux intérêts stratégiques des États-Unis et de l’Otan.
Quant à d’éventuelles démarches punitives de Bruxelles contre la Turquie d’Erdogan, Didier Billion estime que les pays membres de l’UE sont trop désunis sur cette question pour qu’elles puissent survenir.