La norépinephrine (noradrénaline) qui se libère dans le corps en situation de stress, peut réactiver les tumeurs malignes, affirment des chercheurs issus des États-Unis, d’Allemagne et de Russie dirigés par Michela Perego. Ils ont publié les résultats de leur étude dans la revue Science Translational Medicine.
La reprise de croissance des cellules tumorales est l'une des principales causes de décès chez les patients cancéreux. Elle survient souvent lorsque des tumeurs dormantes, qui se sont propagées aux premiers stades du cancer mais ont ensuite été neutralisées, redeviennent actives. Les scientifiques ne savaient pas jusqu’ici ce qui pouvait provoquer leur réveil.
Les chercheurs ont suggéré que les neutrophiles, des globules blancs qui jouent un grand rôle dans le système immunitaire, ainsi que certaines hormones produites en cas de stress -telles que la norépinephrine et le cortisol- peuvent contribuer à la récidive de la tumeur des années après la guérison par chimiothérapie et intervention chirurgicale.
La norépinephrine réactive les cellules cancéreuses
Le taux de norépinephrine monte considérablement dans le sang sous l’effet du stress, de peur ou en cas de blessure, et même si une personne se lève brusquement d’une chaise, selon les chercheurs.
Les souris ont également des niveaux élevés de noradrénaline lorsqu’elles sont stressées, ce qui amène les neutrophiles à sécréter des protéines pro-inflammatoires S100A8/A9 et l’enzyme myéloperoxydase. Cela conduit à l'accumulation de lipides oxydés. Une fois libérés des neutrophiles, les lipides provoquent la croissance de fibroblastes dans les cellules cancéreuses qui se réveillent et forment de nouvelles tumeurs.
Des expériences en laboratoire ont confirmé que la norépinephrine réactivait les cellules cancéreuses pulmonaires et ovariennes dormantes chez les souris.
Les bêtabloquants pourraient s’avérer utiles
Les scientifiques ont en outre étudié des échantillons de sérum de 80 volontaires dont les tumeurs pulmonaires avaient été enlevées lors d’une intervention chirurgicale. Ils ont vu que les patients qui avaient des concentrations plus élevées de S100A8/9 étaient plus susceptibles de vivre une rechute dans les 33 mois suivant l’opération. Et plus le taux de S100A8/A9 était élevé, plus elle était rapide.
Les auteurs de l’étude pensent que des médicaments connus sous le nom de bêtabloquants, qui ciblent les hormones du stress, peuvent aider à éviter la réapparition des tumeurs. En effet, chez les souris qui ont reçu un bêtabloquant expérimental, les cellules cancéreuses sont restées dormantes.