En République démocratique du Congo (RDC), l’heure est aux coupes budgétaires draconiennes. Entre la loi de Finances (LF) 2020 de 11 milliards de dollars votée fin 2019, et celle qui est en passe de régir l’exercice 2021, le budget de l’État a plongé de plus 37%. C’est le constat établi ce 4 décembre au lendemain du vote, à la quasi-unanimité, du projet de LF 2021 évalué à 6,9 milliards. Sur les 350 députés présents à la plénière, un seul parlementaire s’y est opposé, exigeant plus de crédits pour les secteurs de la défense, la sécurité et la santé.
«Ce budget est réaliste et répondra aux besoins de la population si les fonds sont bien utilisés. Il est en baisse à cause notamment du climat économique international troublé par la pandémie», assure-t-il.
Il espère tout de même «que les recettes vont s’améliorer au cours de l’exercice 2021». Dans ce projet de loi, le secteur de l’éducation –alors que la gratuité de l’enseignement primaire a été adoptée depuis 2019– a été «protégé et n’a été amputé d’aucun franc, il a même reçu des fonds supplémentaires».
Lutter contre la corruption
Le budget avait été présenté par le Premier ministre Sylvestre Ilunkamba le 14 novembre. Il n’a pas connu de modifications majeures après deux semaines d’examen au sein de la Commission économique et financière de l’Assemblée nationale.
Pour renflouer les caisses, le gouvernement va intensifier la lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics, mais sans réduire la pression fiscale. En dépit des demandes des syndicats de fonctionnaires.
Il compte aussi sur la reprise de l’activité économique et la hausse des cours des matières premières, notamment le cuivre et le Cobalt, sur le marché mondial. Les recettes issues de l’exportation dépendent toujours du secteur minier, véritable pivot de la croissance congolaise.
Baisse radicale des crédits pour les institutions politiques
Présidence de la République, Assemblée, Sénat...: le budget consacre moins de fonds pour ces administrations. Leur fonctionnement est évalué à quelque 250 millions de dollars, une baisse de 44%.
Dès la présentation du projet de loi, le Premier ministre Sylvestre Ilunga l’avait jugé réaliste, assurant par ailleurs que le Fonds monétaire international (FMI) était allé dans le même sens. Il est prévu que plus de la moitié des recettes soient affectées aux rémunérations. L’institution monétaire avait fait de cette exigence une des conditions pour que le pays accède aux facilités de crédit.
«Prendre en compte la deuxième vague de la pandémie»
Bien qu’élaborées sur la base des recommandations du FMI dans la perspective d’un programme de facilité des crédits élargis, ces projections «ne sont pas réalistes au regard de la conjoncture économique fragilisée par la crise sanitaire», fait remarquer à Sputnik Valery Madianga, porte-parole de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), une ONG congolaise spécialisée dans les finances publiques.
«Ces projections des dépenses ont été élaborées en amont sur la base d’un taux de croissance de 3,2%, pourtant revu à la baisse de 1,7% en 2020. Même si la production intérieure est dominée par le secteur minier, dont les indicateurs sont restés stables, la croissance ne peut dépasser 2%», estime -t-il.
À en croire cet analyste, les six premiers mois de l’an prochain seront consacrés à la stabilité économique «parce que nous sommes actuellement en récession. Il faut également prendre en compte la deuxième vague de la pandémie, qui pourrait entraîner des restrictions des mouvements de personnes. Ce qui aurait pour conséquence la baisse des exportations de matières premières», qui constituent plus de 80% des recettes à l’export.