Ses récentes sorties médiatiques laissent planer le doute: Arnaud Montebourg se prépare-t-il pour 2022?
Dans un article paru ce 29 novembre, Le Parisien cite plusieurs proches de l’ancien ministre socialiste assurant que celui-ci «teste l’opinion» et qu’une candidature est «évidemment dans l’air». Dans Marianne le 28 novembre, c’est un autre intime qui confie «l’envie» d’Arnaud Montebourg d’y aller. L’intéressé «réfléchit sérieusement à sa candidature», lit-on.
Si l’on en croit les propos grandiloquents de l’ex-candidat à la primaire socialiste de 2017, ce retour en politique ne devrait pouvoir prendre corps qu’à l’aune d’un destin présidentiel. Dans le Journal du dimanche 1er novembre, il confiait ainsi qu’un «nouvel engagement […] ne pourra avoir lieu que sur une base plus ambitieuse politiquement, plus exigeante intellectuellement.» «Les idées que j’ai portées depuis longtemps sont devenues centrales et majoritaires dans notre pays. Il va bien falloir les mettre au pouvoir!», affirmait alors M. Montebourg.
Embouteillage de candidatures à gauche
Un obstacle de taille barre pourtant l’hypothétique chemin présidentiel d’Arnaud Montebourg: la pléthore de candidatures potentielles à gauche, à commencer par la première déclarée, celle de Jean-Luc Mélenchon. Les deux hommes tombent en effet d’accord sur de nombreux points: protectionnisme, localisme, euroscepticisme, interventionnisme économique, relance de l’industrie française, transition écologique, etc. Joint par Sputnik, Jérôme Sainte-Marie, politologue et président de l’institut PollingVox, constate que le leader de la France insoumise «n’aurait aucune raison de se retirer au profit d’Arnaud Montebourg.»
Passionnante interview d'Arnaud Montebourg. Je note la convergence des préoccupations, parfois au mot près ! Bravo. https://t.co/RJH9rKUD42
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) April 8, 2020
Une possible candidature de l’ancien ministre du Redressement productif risquerait ainsi de faire doublon avec celle du leader de La France insoumise, fracturant un peu plus un électorat déjà très éparpillé, si l’on en croit les récents sondages.
📊🇫🇷 Quel candidat ou candidate pour la #Gauche à l'élection #presidentielle2022 ?
— Ifop Opinion (@IfopOpinion) November 30, 2020
Selon les sympathisants de gauche ... en %@ChTaubira 53%@Anne_Hidalgo 52%@JLMelenchon 51%@benoithamon 50%
Sondage @IfopOpinion pour @leJDD, novembre 2020 pic.twitter.com/tli8agogi0
Selon le HuffPost, Arnaud Montebourg et Jean-Luc Mélenchon se sont rencontrés de manière informelle en septembre. La possibilité d’une alliance a-t-elle été abordée? Rien n’a fuité de cette réunion, et les déclarations d’intention d’Arnaud Montebourg auraient plutôt tendance à confirmer l’hypothèse d’une campagne en solitaire.
Pour Jérôme Sainte-Marie, le député de Marseille est toutefois le mieux placé à gauche à l’heure actuelle:
«Jean-Luc Mélenchon cumule plusieurs avantages: il a déjà été candidat, il est à la tête d’un parti, il dispose de fonds nécessaires pour faire campagne et il a une clientèle électorale importante, avec des intentions de vote situées aujourd’hui autour de 10%, ce qui fait tout de même beaucoup de monde», pointe le président de PollingVox au micro de Sputnik.
À l’inverse, toujours pour le politologue, «Arnaud Montebourg a des positions très critiques sur l’Europe, lesquelles seraient un élément de clivage au sein de la gauche». Un argument d’ailleurs également valable pour Jean-Luc Mélenchon.
«Faire passer la France avant l’Europe»
Un «populiste dont on ne voit pas la cohérence»?
De là à dire que Montebourg pourrait grappiller des voix à droite? Sur ce point, Jérôme Sainte-Marie se montre sceptique.
«Arnaud Montebourg doit encore s’exprimer sur la question migratoire. On ne sait rien, par exemple, de sa position sur l’immigration clandestine, qui est pourtant un sujet important pour l’opinion. Sur l’immigration, il lui sera difficile de séduire à droite sans sacrifier ses chances à gauche», analyse le politologue Jérôme Sainte-Marie.
Taxé de «populiste dont on ne voit pas la cohérence» par Manuel Valls dans un entretien au Point ce 26 novembre, Montebourg ne manque pourtant pas d’atouts. Sa ligne souverainiste et «populaire», pour reprendre la terminologie imaginée par Jérôme Sainte-Marie dans son livre Bloc contre bloc: la dynamique du Macronisme (Éd. du Cerf), pourrait bien réussir à l’ancien ministre socialiste.
«Montebourg devra néanmoins rassembler un camp, la gauche, fondamentalement divisée sur le fond. Par ailleurs, le paysage politique est très occupé et il n’a pas forcément de dispositif solide pour mener campagne. Enfin, il a déjà une image assez ancienne, il reste très identifié au Parti socialiste. S’il assume une ligne populiste, une partie de la gauche ne pourra pas le rejoindre», nuance Jérôme Sainte-Marie.