Sur fond d'agression d'une conductrice de tramway par un homme armé à Nantes dimanche dernier, le port du masque a commencé à susciter la préoccupation des personnels des Transports en commun de l'agglomération nantaise (TAN).
«Sans aller jusqu’aux blessures physiques, ce sujet provoque un certain nombre d’altercations. Les gens que l’on rappelle à l’ordre nous disent "je fais ce que je veux, vous n’êtes pas de la police". J’ai par exemple voulu contrôler un homme qui montait à bord sans son masque, et en plus avec un chien. J’ai été le voir pour ces deux raisons mais c’est parti en vrille. Avant de descendre à la station suivante, il est venu me cracher sur les vêtements…», a déclaré à 20 minutes Pascal Lucas, élu CFDT au comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de la Semitan.
«Ça commençait à devenir ingérable»
D’après les personnels interrogés, la majorité des passagers respectent le port du masque, mais «le tout petit pourcentage qui reste, ça peut être un oubli mais en général c’est de la provoc», a déclaré un contrôleur. «Nous, on n’a que la parole comme arme, donc on tente de négocier… Quand on a un petit stock de masques à distribuer, ça peut aider à apaiser les choses.»
Un autre conducteur, également agent d’intervention et d’assistance, s’en est plaint «à plusieurs reprises à la direction» et a témoigné des incivilités en tous genres qui «se multiplient depuis plusieurs années».
«Un soir, un client est monté sans masque et faisait la sourde oreille malgré nos remarques. Des passagers s’en sont mêlés, certains ont voulu lui en donner, mais rien n’y faisait, la tension est montée entre les gens. Ça commençait à devenir ingérable, il a fallu qu’on le sorte de la rame avant que ça ne parte en bagarre générale. J’ai eu deux autres cas, quasiment similaires», a-t-il raconté au journal.
Patrouilles policières
Suite à l’agression de dimanche, la direction de la Semitan a décidé de la coupure du réseau dès 22h lundi soir. En outre, des patrouilles de police sont régulièrement organisées dans les rames.
La CFDT juge toutefois nécessaire la tenue d'«assises de la sécurité publique» car «les opérations de la police nationale sur une ou deux heures, c’est insuffisant», a regretté Pascal Lucas. «Il faut une présence supplémentaire pour que les usagers aient le sentiment que le réseau est suffisamment surveillé.»