Les tumeurs de tout type, surtout les plus graves, sont traitées au centre de radiologie de l’Agence fédérale biomédicale, dans la ville russe de Dimitrovgrad. Le traitement repose sur un programme national. Il est gratuit pour les citoyens russes, mais payant pour les ressortissants d'autres pays.
Les premiers patients ont été accueillis en septembre 2019. L'évaluation du traitement est désormais possible. En effet, les premières conclusions peuvent être tirées entre six et neuf mois après le début du traitement, indique à Sputnik le directeur général par intérim Youri Oudalov.
Efficacité évaluée
La protonthérapie est une méthode de pointe qui utilise les particules chargées positivement (protons) pour irradier les tumeurs de façon ponctuelle, avec un effet minimal sur les tissus autour.
«Combinée avec le traitement médicamenteux [...], la thérapie par protons s'avère être un moyen hautement efficace et permet non seulement de prolonger la vie des patients, autrefois désespérés, mais aussi de parvenir à une rémission complète», assure M.Oudalov.
Les premiers patients du centre sont tous en passe de subir des examens. Mais selon les premières informations, il n'y a pas de cas d’aggravation de cancers.
Pour les patients avec des tumeurs malignes du foie (primaires et secondaires), la protonthérapie couplée à une thérapie ciblée a été efficace dans 68% des cas.
Chez les patients atteints du cancer de la prostate, la protonthérapie combinée à une thérapie pharmacologique l’a été dans 40% des cas (conclusion à l'issue de six mois de traitement), poursuit M.Oudalov.
La principale force de la protonthérapie est la possibilité de traiter les tumeurs inopérables et difficiles à atteindre. En outre, ce type de thérapie présente moins de risques d’apparition d’effets secondaires et de rechute de la maladie. Elle promet également un rétablissement plus prompt et de bonnes chances de destruction complète des cellules cancéreuses.
Deux tâches cruciales
«La radiologie par protons est un moyen de contrôle ponctuel de la tumeur», explique le responsable du centre. Ainsi, «l'efficacité dépend des dimensions de la tumeur irradiée et de sa localisation, près ou loin des organes vitaux. Moins le foyer est irradié, plus efficace est la radiothérapie», expose M.Oudalov.
L'objectif de la radiothérapie est de trouver un compromis entre deux exigences: d’une part d'utiliser une dose de rayonnement suffisante, de l’autre de causer un dommage minimal aux tissus sains environnants. Et c'est «la tâche la mieux accomplie par la protonthérapie».
Concrètement, les propriétés physiques des protons permettent de les canaliser avec précision dans le corps du patient et d'augmenter la dose où nécessaire à un niveau inaccessible avec d'autres méthodes.
Choix du traitement et contre-indications
Les contre-indications incluent les comorbidités décompensées telles que le diabète, les maladies coronariennes, l'hypertension, une période de crise aiguë après un infarctus, un problème vasculaire cérébral ou un syndrome convulsif.
«La méthode n'a pas de limitations du point de vue de l'âge. C'est la phase du cancer dont dépendent le pronostic et la tactique du traitement […]. Et le choix du type de radiothérapie dépend de la prévalence de la maladie, du nombre et de la taille des foyers tumoraux, de leur configuration et de la proximité de l'emplacement des vaisseaux, des troncs nerveux, ainsi que des organes tels que les reins, le cœur, des structures vitales du système nerveux central. De ce point de vue, la radiothérapie protonique présente des avantages indéniables par rapport à la radiothérapie photonique», résume M.Oudalov.
Le fonctionnement du centre de radiologie n'a pas été mis à l’arrêt avec l’apparition de l'épidémie. Le traitement des patients se poursuit, les mesures sanitaires étant respectées: masques, antiseptiques et désinfection, raconte Alexandre, patient du centre qui y subit actuellement une chimiothérapie.
«Une clinique avancée avec un avenir prometteur. Je la recommande vivement», assure-t-il.