Dans un entretien accordé à Al Jazeera, Emmanuel Macron a dénoncé les «manipulations» autour de ses propos sur les caricatures de Mahomet, venant «parfois de dirigeants politiques et religieux»:
«On m'a fait dire: "Je soutiens les caricatures humiliant le prophète". Je n'ai jamais dit ça», a déclaré le Président.
«Je suis favorable à ce qu'on puisse écrire, penser, dessiner librement dans mon pays parce que je pense que c'est important, que c'est un droit, ce sont nos libertés», a-t-il ajouté.
«Je comprends que ça puisse choquer, je respecte cela, mais il faut en parler [...]. Il faut construire cet espace de respect et de compréhension mutuelle. Mais je pense que la solution n'est pas d'interdire ce droit, et la solution est évidemment encore moins de justifier quelque violence au nom du fait qu'il choque», souligne le Président.
Erdogan doit «respecter la France»
Le dirigeant français a déploré le «comportement belliqueux» de Recep Tayyip Erdogan «avec les alliés de l'Otan», souhaitant que les «choses s'apaisent» entre Paris et Ankara:
«Maintenant quel est notre souhait? Que les choses s'apaisent, que la Turquie respecte, que le président turc respecte la France, respecte l'Union européenne, respecte ses valeurs, ne dise pas de mensonges et ne profère pas d'insultes», a expliqué le chef de la République française.
Contrairement à ce que j'ai beaucoup entendu et vu sur les réseaux sociaux ces derniers jours, notre pays n'a de problème avec aucune religion. Elles s'y exercent toutes librement ! Pas de stigmatisation : la France est attachée à la paix et au vivre-ensemble.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 31, 2020
Campagne de boycott «indigne»
Il a également qualifié d'«indigne» et «inadmissible» la campagne de boycott des produits français lancée dans certains pays musulmans.
«Elle est faite par certains groupes privés parce qu'ils n'ont pas compris et qu'ils se sont reposés sur les mensonges, sur les caricatures, parfois par d'autres dirigeants. C'est inadmissible», a statué Emmanuel Macron.
Le Président a tenu à souligner que dans «beaucoup de pays qui ont appelé au boycott, il n'y a plus de presse libre»:
«C'est-à-dire qu'il n'y a plus de possibilité de caricaturer mais pas seulement le prophète ou Dieu ou Moïse qui que ce soit, mais les dirigeants mêmes du pays. On fait parfois la caricature de dirigeants étrangers, pas du pays où l'on vit parce qu'on a cassé les mains des caricaturistes ou des dessinateurs, parce qu'on a parfois tué des journalistes ou qu'on les a mis en prison. Ça n'est pas le cas de la France», a-t-il insisté.