Sur fond de conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, des tirs de missiles ont touché deux villes azerbaïdjanaises, Gandja et Mingachevir, dans la nuit du 16 au 17 octobre, a déclaré Bakou. Au moins 13 civils ont été tués et plus de 50 blessés.
«Crime contre l’humanité»
Le Président azerbaïdjanais Ilham Aliev a qualifié les frappes de «crime militaire» et de «crime contre l’humanité» et a promis de prendre des mesures de représailles.
«C’est un crime militaire, un crime contre l’humanité. Si la communauté internationale ne veut pas les punir [l’Arménie, ndlr], nous punirons les responsables. Nous les punirons sur le champ de bataille, nous riposterons», a-t-il lancé lors d’une adresse à la nation.
M.Aliev a également indiqué que l’armée azerbaïdjanaise avait pris le contrôle de la ville Fizuli dans la république autoproclamée du Haut-Karabakh.
Plus tard dans la journée, Bakou a affirmé avoir abattu un Su-25 arménien, ce qui a été ensuite démenti par Erevan.
Témoignages d’habitants de Gandja
Un correspondant de Sputnik présent sur place a interrogé les habitants de Gandja sur les frappes.
«Je me suis réveillé avec le bruit d'une explosion et j'ai vu qu'il y avait des fragments de verre de la fenêtre sur moi. Tout était dans la poussière, il n'y avait pas de lumière, nous n'avons rien vu. Nous avons couru hors de la maison sans affaires et entendu des cris très forts dans cette autre maison - mais ils ont immédiatement cessé», a raconté Leïla Bagirova, qui vit dans une maison à une vingtaine de mètres de celle où ne restent plus que des pierres et du sable.
Selon elle, une famille pauvre de cinq personnes occupait le bâtiment détruit. Mme Bagirova dit avoir entendu environ trois explosions. D’après les riverains, entre 20 et 30 maisons se trouvaient dans le quartier touché.
«J’ai entendu un léger claquement, réveillé mon mari en lui disant que nous devrions courir. Environ cinq explosions ont par la suite retenti», témoigne une autre habitante de la ville, Roubaba.
Erevan nie les faits reprochés
La porte-parole du ministère arménien de la Défense, Chouchan Stepanian, a écrit sur Facebook que l’Arménie n’avait pas frappé l’Azerbaïdjan.
Tensions autour du Haut-Karabakh
Des combats ont éclaté dans la république autoproclamée du Haut-Karabakh le 27 septembre, ravivant un conflit gelé vieux de 30 ans. L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont accusés mutuellement de commencer des opérations militaires, tandis que de nombreuses villes et de nombreux villages du Haut-Karabakh, dont la capitale Stepanakert, ont subi des tirs et des bombardements.
La Russie, les États-Unis et la France ont appelé à plusieurs reprises à cesser les combats et à engager des négociations. Le 10 octobre, les ministres des Affaires étrangères des deux pays ennemis se sont rencontrés à Moscou et sont parvenus à un cessez-le-feu. Mais l’accord n’a instauré qu’une brève et fragile trêve entre les parties en conflit au Haut-Karabakh. Bakou a indiqué le 16 octobre que la situation restait tendue sur la ligne de contact et assurait garder le contrôle sur les différentes lignes du front.