La chronique de Tiphaine Auzière diffusée dans la soirée du jeudi 15 octobre sur Europe 1 n’est pas passé inaperçue. Pour cause, l’intervenante, qui a défendu les mesures annoncées par le gouvernement et justifié ce recul des libertés par une nécessité de protéger la santé de tous, n’est autre que la belle-fille d’Emmanuel Macron.
Il faut savoir sacrifier une partie de ses libertés pour l'intérêt général.
— Europe 1 🎧🌍📻 (@Europe1) October 15, 2020
C'est l'heure de la carte blanche de @TAuziere pic.twitter.com/hg8Ru0LBHA
Présentée comme éditorialiste et avocate, la fille de Brigitte Macron rappelle tout d’abord que la liberté a plusieurs fois été mise sous contrainte, citant la guerre d’Algérie et les attentats de 2015. Elle affirme qu’elle comprend les voix qui se sont exprimées contre cet ensemble de mesures, notamment le couvre-feu, mais explique pourquoi elle ne partage pas cet avis.
«Le Président a conclu de manière fort intéressante»
«En l’état actuel, est-ce que vivre pour soi, ce n’est pas condamner l’autre?», interroge-t-elle, puis cite la déclaration des droits de l’Homme: «Tout individu a droit à la vie». Selon elle, il est ainsi du devoir de l’État et des citoyens de garantir ce droit à la vie, même au détriment des libertés individuelles.
Face aux critiques selon lesquelles ces mesures ont été imposées sans être débattues par les représentants du peuple, Tiphaine Auzière rétorque que toute prolongation de l’état d’urgence sanitaire devra faire l’objet d’un vote au Parlement.
«Je trouve que le Président a conclu de manière fort intéressante hier lorsqu’il a dit “nous sommes en train de réapprendre à être pleinement une nation”», poursuit-elle, estimant que les Français sont «face à un choix», celui «de pouvoir mettre de côté nos libertés individuelles au service de l’intérêt général pour un temps donné».
«Service après-vente de beau papa»
Cette intervention n’a pas plu à de nombreux internautes, en témoigne les centaines de commentaires rédigés sous la vidéo publiée sur Twitter. En effet, Europe 1 n’a précisé à aucun moment lors de l’interview, ni sur le site ni dans sa publication sur les réseaux sociaux, que Mme Auzière est la belle-fille du Président et une militante pour La République en marche.
«Il n’y a personne d’autre à inviter pour commenter les décisions du Président que sa belle-fille?», demande le député Les Républicains d’Eure-et-Loir Olivier Marleix.
Évidemment, comme tous les Français qui ne veulent pas d’ennuis avec la police, j’adore la famille Macron, mari, femme, enfants, petits enfants, arrières petits-enfants... mais il n’y a personne d’autre à inviter pour commenter les décisions du Président que sa belle-fille ? 🦄🐬 https://t.co/gb86clsjQJ
— 🇫🇷 Olivier Marleix (@oliviermarleix) October 15, 2020
Le sociologue du travail Nicolas Framont dénonce quant à lui une «oligarchie sanitaire», tandis que le syndicaliste de la CGT Thomas Portes déplore le manque de pluralité médiatique.
Il s'agit de la belle-fille de Macron qui vient défendre les décisions de beau-papa. Ce pays est une oligarchie sanitaire, avec le ridicule de tout régime puant et le tragique des millions de victimes qu'il est en train de faire. https://t.co/Jng1TiqIyn
— Nicolas Framont (@NicolasFramont) October 16, 2020
Donc Tiphaine Auzière, avocate et fille de Brigitte Macron est donc "éditorialiste" sur @Europe1. Mélange des genres entre une caste d’oligarques qui se partagent le gâteau. Et après on va nous parler de pluralité médiatique. Ce n’est plus Europe 1, c’est EuropMacron.
— Thomas Portes ✊ (@Portes_Thomas) October 15, 2020
Des internautes se sont montrés moins tendres, évoquant un «service après-vente de beau-papa» de la part de Mme Auzière, s’interrogeant sur sa légitimité à s’exprimer sur un tel sujet ou qualifiant de «honte» et de «déception» ce choix éditorial d’Europe 1.
Deux semaines plus tôt, lorsqu’elle était intervenue sur la radio pour défendre la profession d’avocat, Tiphaine Auzière avait bel et bien été présentée comme la fille de Brigitte Macron.