«On s’imagine mal comment vivre une deuxième vague»: les hôpitaux face à la recrudescence de l’épidémie

© AFP 2024 LUCAS BARIOULETUn hôpital à Levallois-Perret
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En France la hausse des cas positifs au Covid-19 fait craindre une nouvelle vague d’épidémie. Selon les personnels soignants interrogés par Sputnik, une meilleure connaissance de la maladie a permis de mieux prendre en charge les patients, mais le manque de personnel et l’épuisement des soignants pourraient se faire drastiquement sentir.
«Suite à la première vague, les personnels en poste sont fatigués, mais surtout l’hôpital Mondor a subi au début de l’été une vague de départs et de démissions des jeunes diplômés qui n’ont pas supporté le retour à la normale.»

David Jacquelin, aide-soignant au CHU Henri-Mondor et délégué SUD-Santé, regrette le manque de moyens alloué à l’hôpital public, malgré des années de revendications et le travail fourni durant la crise sanitaire. Il pointe du doigt la différence qui persiste entre les établissements médicaux privés et publics.

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La crise sanitaire a permis dès le début de mettre en lumière les dysfonctionnements de l’hôpital public, en crise depuis de nombreuses années, mais également sa nécessité. Alors que les applaudissements, les dons et autres promesses du gouvernement pleuvaient il y a encore quelques mois, la surcharge de travail, les salaires jugés trop bas et le surmenage ont poussé une partie de soignants fraîchement diplômés à se tourner vers le privé.

Affronter la 2e vague en sous-effectif

Le Covid-19 a également touché des personnels soignants, ce qui a augmenté le nombre d’absents. Aujourd’hui, l’hôpital Henri-Mondor se dit en sous-effectif et avoue que si la deuxième vague s’apparentait à la première, il sera difficile d’y faire face:

«On a tellement tiré sur l’élastique qu’on s’imagine mal comment vivre une deuxième vague», lance dans un commentaire pour Sputnik une collègue syndicaliste Sud Santé de David Jacquelin. Et d’ajouter: «On est peut-être mieux préparés, on a plus de matériel qu’au mois de mars, mais il faut du personnel et on ne l’a pas.» 

Actuellement, les services hospitaliers ne sont pas saturés, mais le taux d’occupation en réanimation est en hausse: «environ 25%, contre 10% au milieu de l’été et contre 150 % lors du pic: ça a doublé tout en restant raisonnable», explique à Sputnik Gaétan Casanova, anesthésiste –réanimateur à l’Hôpital Foch de Suresnes.

Stratégie du gouvernement «illogique»?

Pourtant, le retour de l’hiver et de ses virus saisonniers approche –notamment la grippe, qui partage certains symptômes avec le coronavirus –, multipliant de fait les facteurs confondants. Les hôpitaux comme les labos craignent donc la surcharge, bien que de nombreux hôpitaux, y compris Foch et Mondor, n’ont pas repris les activités chirurgicales à 100% afin de laisser de la place dans les blocs. Une situation tendue qui rend d’autant plus problématique la politique gouvernementale de lutte contre le Covid-19, estime un soignant:

«Le protocole de dépistage et de prise en charge de la pandémie est totalement illisible et surtout inefficace. Tout le monde se fait tester de façon anarchique et on se retrouve avec des délais de rendus de résultats qui sont d’environ une semaine, le temps d’être guéri, finalement», déplore Gaëtan Casanova, anesthésiste-réanimateur.

Bloc opératoire. Chirurgie. Hôpital. Image d'illustration - Sputnik Afrique
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L’augmentation des cas positifs, dus à la multiplication des tests dans l’Hexagone, pourrait conduire à placer certains territoires en «zone d’alerte maximale», a prévenu Olivier Véran lors du point presse du premier octobre. Une décision qui se traduirait par de nouvelles mesures restrictives, touchant particulièrement les interactions sociales, dont la fermeture des bars et des salles de sport.

«Illogique» pour Gaétan Casanova, qui avoue ne pas bien comprendre la stratégie de lutte mise en place, qui se concentre sur les territoires et pas les personnes à risque. Et surtout des mesures restrictives qui ne font, selon lui, aucun sens aujourd’hui: pourquoi par exemple, fermer les bars à 22h, mais laisser les gens se contaminer dans le RER bondé aux heures de pointe, s’interroge-t-il.

«Il y a un problème de cohérence et les gens en ont marre, s’agacent et ne respectent plus rien. Il est temps d’avoir une politique ferme, ça ne veut pas dire dure, mais juste claire. Le but est d’être efficace, de protéger les plus faibles sans avoir de mesures trop restrictives», préconise le médecin.
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