#MaTransition et #MonNouveauMali. C’est sous ces deux hashtags, lancés par des blogueurs au Mali après le renversement du régime de l’ex-Président Ibrahim Boubakar Keïta (IBK) le 18 août dernier, que la jeunesse du pays présente sa vision et ses aspirations sur les réseaux sociaux.
Elle entend ainsi prendre pleinement part à l’avènement d’un tout nouveau système politique efficient de gestion du Mali.
Le hashtag #MaTransition est une initiative de la communauté des blogueurs du Mali Doniblog, mise en place pour réunir toutes les propositions des jeunes Maliens sur la Toile.
Le #Mali 🇲🇱 de demain c'est aussi vous et nous, parce que la voix de tout un chacun compte.
— Benbere Mali (@BenbereM) September 2, 2020
Selon vous, que doivent être les 3️⃣ réformes prioritaires de la transition ?#Matransition pic.twitter.com/8OkIVt51xn
Conscients qu’ils ne peuvent pas tous être reçus par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) –la junte militaire au pouvoir qui sera chargée de mettre en place la transition–, les jeunes veulent faire entendre leur voix et contribuer à l’édification du nouveau système.
Les réseaux sociaux inondés de propositions
Depuis son lancement le 25 août, le hashtag #MaTransition est devenu viral sur la Toile et plusieurs jeunes internautes maliens y donnent de la voix. Le blogueur Touré Yahaya pense, à titre d’exemple, qu’il faut une «limitation des partis politiques à quatre au maximum, l’instauration d’un régime présidentiel et une rupture totale avec la France en mettant fin aux accords militaires, au franc CFA, à la présence de la Minusma, à Barkhane, à la Force Takuba et autres ingérences initiées sans l'avis des Maliens».
«Nous nous sommes dit que les jeunes, depuis leur salon ou leur maison, via leur téléphone, peuvent se faire entendre et dire ce qu’ils attendent de la transition. C’est ce qui nous a motivés à lancer le hashtag #MaTransition qui permet à tous de s’exprimer»,, explique à Sputnik Abdoulaye Guindo, président de Doniblog.
«Pour que chaque jeune comprenne que c’est sa transition à lui, nous avons opté pour le pronom possessif "ma" afin que chacun s’attribue la paternité de la transition en proposant les réformes qu’il veut voir mises en œuvre pendant cette période», ajoute-t-il.
Quelle durée?
En ce qui concerne les débats sur la durée de la transition au Mali, les chefs d’État de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) proposent 12 mois avec un civil à la tête de l’État. Mais certains analystes estiment qu’elle pourrait aller jusqu’à deux ans.
Pour l’internaute Abdoul Aziz Traoré, le cas du Mali est «spécifique». Il considère qu’il faut «sortir de ce copier-coller classique qui veut que la transition ne dure pas». La jeunesse, décidément tournée vers le changement, pense que «le nomadisme politique est un danger pour la bonne gestion de la République. Son interdiction, plus qu’une nécessité, est un impératif», estime ainsi Dramé Yacouba, un autre jeune intervenant dans le débat via #MaTransition.
Sortons de ce copier-coller classique qui veut que la transition ne dure pas. Notre cas est spécifique. #MaTransition
— Abdoul Aziz TOURE (@zikla) September 3, 2020
Lancé le 25 août dernier, «l’impact de #MaTransition est considérable», confie Abdoulaye Guindo à Sputnik. En effet, le hashtag a fini par capter l’attention des partenaires internationaux du Mali qui auraient demandé, selon Guindo, qu’un «document scientifique regroupant l’ensemble des propositions» des internautes sur la transition soit réalisé.
Après cette étape, le hashtag va continuer sa mission avec le suivi de la mise en œuvre des réformes qui seront décidées, assure le président de Doniblog.
«Nous allons mener une campagne pendant la transition en utilisant toujours le hashtag pour rappeler au comité de gestion de la transition les décisions prises concernant des organes à mettre en place, si elles tardent à être mises en œuvre», prévient-il au micro de Sputnik.
Aspiration à un Mali nouveau
Toujours pour que la transition soit réussie et aboutisse à un réel changement dans le pays, l’Association des blogueurs du Mali (ABM), en libéralisant la parole sur la Toile, a elle aussi lancé le hashtag #MonNouveauMali.
L’objectif, selon le journaliste et président de l’ABM, est de permettre à la jeunesse malienne qui n’a pas accès aux instances de décision de s’exprimer et de contribuer à l’écriture de cette nouvelle page politique ouverte au Mali depuis la démission du Président Ibrahim Boubacar Keita.
«Nous voulons être toujours sur la même longueur d’onde qu’avant le départ d’IBK, et mettre la pression sur les nouvelles autorités pour qu’ils sachent que rien n’a changé, que nous sommes toujours là et que nous veillons», confie Malick Konaté à Sputnik.
Ils sont nombreux les internautes qui utilisent le hashtag #MonNouveauMali pour parler de leur vision pour le pays.«J’ai espoir en un nouveau Mali où la jeunesse se sentira beaucoup plus concernée et contribuera davantage aux prises de décision», écrit par exemple Koumba Coulibaly sur son compte Twitter.
J’ai espoir en un nouveau Mali 🇲🇱 où la jeunesse se sentira beaucoup plus concernée aux actions et contribuera plus aux prises de décisions.
— Koumba Coulibaly (@KoumbaCoulibal5) August 28, 2020
Pour un nouveau Mali chacun compte.#MonNouveauMali@AssoBlogMali
Solo Boureima, quant à lui, aspire à un «Mali du mérite et non du favoritisme, du clientélisme et du népotisme».
Le rendez-vous à l’occasion duquel les internautes maliens espèrent faire entendre leur voix est la concertation nationale. Celle-ci débutera les 5 et 6 septembre 2020 à Bamako et dans les capitales régionales avant de se poursuivre, dans le cadre d’un second round, du 10 au 12 septembre 2020 avec la participation de la diaspora, selon l’annonce du CNSP face à la presse ce 3 septembre.