Dans un rapport publié le 1er septembre, l’OIM a estimé à 899 les arrivées irrégulières de migrants ouest-africains en territoire italien au cours de la première moitié de 2020. Et sur ces 899, 306 sont des Ivoiriens (34%), 126 sont des Guinéens (14%) et 126 des Maliens (14%).
Si le pays occupe la première place des arrivées illégales en Italie, le moins que l’on puisse dire, c’est que le nombre de migrants en provenance de ce pays a considérablement baissé après avoir atteint des sommets ces dernières années.
Un phénomène qui s’essouffle en Italie…
Jusque-là en dessous des radars, la migration illégale en provenance de Côte d’Ivoire vers l’Italie avait brusquement pris des proportions inquiétantes en 2016. Le ministère de l’Intérieur italien avait annoncé pour cette année-là l’arrivée de 13.000 Ivoiriens (soit une hausse de 230% par rapport à 2015) sur les côtes de la péninsule.
Devant l’ampleur de la situation, le gouvernement ivoirien avait dépêché dans le premier trimestre de 2017 une mission en Italie –pour faire un état des lieux– qui a «formellement identifié seulement 2.000 immigrés comme étant réellement des Ivoiriens».
🤬🌩️ Rien ne va plus sur le plateau des #GGRMC entre Barbara Lefebvre et @joelle_dago 🌩️🤬 : "Les #migrants ivoiriens ne fuient pas la guerre ! Ce n'est pas justifié qu'ils viennent demander l'asile ici !!" #immigration #PortedelaChapelle pic.twitter.com/EZdmPGFybA
— Les Grandes Gueules (@GG_RMC) November 7, 2019
Dans un pays où le taux de croissance du PIB a été en moyenne de 9% de 2012 à 2014, et a atteint 10,3% en 2015, la réalité du phénomène migratoire clandestin apparaît comme un revers et pousse les autorités à réagir. Des campagnes de sensibilisation des populations ont été organisées, un cadre technique de coopération entre l’Italie et la Côte d’Ivoire pour l’identification des migrants présumés ivoiriens dès leur arrivée sur les côtes transalpines a été établi et les moyens de répression et de détection des réseaux de passeurs ont été renforcés.
Toutes ces actions, combinées au soutien de partenaires internationaux comme l’Union européenne et l’OIM, semblent progressivement porter leurs fruits au regard de la baisse notable enregistrée depuis. Ainsi, le nombre de migrants est passé de 13.000 en 2016 à 10.000 en 2017, puis 1.100 en 2018.
… mais qui se poursuit dans le reste de l’Europe
Plus globalement en Europe, la Côte d’Ivoire demeure dans le peloton de tête des pays migrants d’Afrique de l’Ouest et du Centre, d’après les données de l’OIM.
En 2020, avec près de 600 arrivées, l’Espagne s’affiche comme la destination privilégiée des Ivoiriens, devant l’Italie.
Cette migration vers l’Europe, loin d’être un long fleuve tranquille, occasionne de nombreux décès et disparitions. Ainsi, selon l’OIM, ce sont 51 Ivoiriens qui ont péri ou disparu lors de leur périple en 2019.
L’appui de l’OIM
Entre la traversée incertaine de la Méditerranée et l’emprunt de routes migratoires qui passent, notamment, par un pays en pleine guerre comme la Libye, les dangers sont réels et constants.
En août 2019, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES, une ONG) avait ainsi alerté l’opinion internationale sur sa page Facebook sur le sort de dizaines de migrants ivoiriens arrêtés par les autorités tunisiennes dans la ville de Sfax avant d’être relâchés dans le désert libyen. L’OIM est généralement mise à contribution dans des cas aussi délicats pour favoriser un retour au pays de ces personnes en difficulté.
S’exprimant le 31 août dernier sur la chaîne de télévision publique ivoirienne –à l’occasion du rapatriement d’Algérie de 32 migrants clandestins–, Lavinia Prati, la chargée de projets à l’OIM, a indiqué que l’organisation avait «assisté depuis mai 2017 plus de 6.000 personnes dans leur retour et leur réintégration» en Côte d’Ivoire.