Dépeinte par Valeurs actuelles avec une chaîne de fer au cou, la députée LFI Danièle Obono a reçu le soutien d’un vaste ensemble de personnalités politiques dont Emmanuel Macron. Le magazine, ayant dans un premier temps rejeté les accusations de racisme de l’élue scandalisée, a présenté ses excuses, refusant pourtant de reconnaître son œuvre comme raciste.
«Si nous contestons fermement les accusations dont nos contempteurs nous accablent, nous avons suffisamment de clairvoyance pour comprendre que la principale intéressée, madame Danièle Obono, ait pu se sentir personnellement blessée par cette fiction. Nous le regrettons et lui présentons nos excuses», a déclaré l’hebdomadaire dans un communiqué.
Notre réponse suite à la polémique autour du roman de l'été consacré à Danièle Obono, cette semaine dans Valeurs actuelles. pic.twitter.com/GHVzHBSdvQ
— Valeurs actuelles ن (@Valeurs) August 29, 2020
Déconstruction de l’Histoire
La rédaction a tenu à préciser ses intentions en justifiant sa décision de «faire "voyager"» la députée, née à Libreville, au Gabon, «dans l’univers atroce de l’esclavage africain du XVIIIe siècle» par une tentative de «lutter contre des déconstructeurs de l'Histoire», selon le directeur adjoint, Tugdual Denis.
«Nous voulions mettre le doigt sur le fait que l'esclavage n'est pas imputable qu'aux seuls Européens, mais que les Africains et les Arabes ont, eux aussi, utilisé la traite. L'esclavage est donc aussi intracommunautaire», a expliqué M.Denis, interrogé par Le Point.
Or, la publication n’avait pas vocation «à démontrer une quelconque supériorité des Européens sur les Africains», s'est-il défendu.
Choix motivé
Cela se traduit par les appels «en permanence» de l’élue aux Européens et notamment aux Français à «se repentir de tous leurs actes passés», a précisé le directeur adjoint avant de reconnaître «une violence symbolique» de placer une personnalité du monde contemporain dans une réalité hostile.
«Notre texte n’a rien de raciste», est-il souligné dans un communiqué, admettant que les images «d’autant plus quand elles sont isolées sur les réseaux sociaux, renforcent la cruauté inhérente» au sujet de l’esclavage.
Première réaction
Le communiqué a été publié de longues heures après que le magazine a rétorqué à la députée sur Twitter, lui reprochant sa réticence à lire et admettre la «terrible vérité» de son roman de fiction.
« Merde raciste » ? Il s’agit d’une fiction mettant en scène les horreurs de l’esclavage organisé par des Africains au XVIIIème siècle...
— Valeurs actuelles ن (@Valeurs) August 28, 2020
➡️ Terrible vérité que les indigénistes ne veulent pas voir et qu’apparemment, chère @Deputee_Obono, vous ne voulez pas lire. pic.twitter.com/aHC16cu1KP
Face à l’indignation du chef de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, Valeurs actuelles l’a accusé d’«inventer du "nauséabond"» à cause d’une «mauvaise foi» ou bien d’une «manipulation».
Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Inventer du 'nauséabond' dans une fiction relatant les atrocités de l’esclavage commis par des Africains il y a 3 siècles relève au mieux de la mauvaise foi, au pire de la manipulation. Reprenez vos esprits et apprenez à lire. https://t.co/Ihs5wqjCED
— Valeurs actuelles ن (@Valeurs) August 28, 2020