Le géant pétrolier russe Lukoil n’est pas près de mettre un pied dans le pétrole sénégalais.
Pourtant, le 27 juillet dernier, Lukoil avait exprimé son intention de reprendre les parts de Cairn pour une transaction convenue de 400 millions de dollars (environ 340 millions d’euros ou 225 milliards de francs CFA).
Woodside a notifié ce lundi qu'elle exerçait son droit de préemption sur la vente par Capricorn Senegal Limited (Cairn) à Lukoil Upstream Senegal BV (Lukoil) de la totalité de sa participation dans la jointventure Rufisque Offshore, Sangomar Offshore et Sangomar Deep Offshore.
— MPE Sénégal (Ministère du Petrole et des Energies) (@MpeSenegal) August 17, 2020
Dans un communiqué rendu public, Woodside ne fournit pas d’explication sur les raisons de son opposition à l’achat des parts de Cairn Energy par Lukoil. Toutefois, son président-directeur général Peter Coleman, en évoquant le besoin de «simplifier la structure du capital de la coentreprise RSSD», ne manque pas de faire référence au souci de sécuriser le projet, en particulier contre les États-Unis.
«[Cette] acquisition représente une opportunité pour Woodside d'approfondir son intérêt bien compris dans un actif de classe mondiale avec une production à court terme, tout en protégeant les intérêts des actionnaires en éliminant l'incertitude potentielle des sanctions américaines s'appliquant au développement du champ de Sangomar», déclare Peter Coleman dans le communiqué, sans établir de lien direct entre l’offre de Lukoil et lesdites sanctions.
La compagnie australienne indique avoir notifié à ses partenaires sa décision d’exercer «son droit de préemption sur la vente par Capricorn Senegal Limited (Cairn) à Lukoil Upstream Senegal BV (Lukoil) de la totalité de la participation de Cairn dans l’entreprise commune Rufisque Offshore, Sangomar Offshore et Sangomar Deep Offshore». À cet effet, «les conditions de l’acquisition par Woodside de la totalité de la participation de Cairn refléteront celles de l’opération Cairn/Lukoil», précise la compagnie Woodside.
«Dans le contrat d’association qui lie les partenaires du champ pétrolier RSSD, chaque partie a la possibilité de vendre ses parts à une entité extérieure au groupe. Mais les dispositions légales indiquent que si un partenaire est intéressé, il devient prioritaire à l’achat s’il respecte les termes de la transaction conclue par cette partie avec cette entité extérieure», explique à Sputnik Mbaye Sarr Diakhaté, journaliste spécialisé dans les questions pétrogazières.
Concrètement, Woodside s’engage donc sur le prix de cession que Lukoil avait accepté de verser à Cairn, soit un montant global de 400 millions de dollars, «plus des ajustements du fonds de roulement, y compris le remboursement des dépenses d’investissement de développement de Cairn injectées depuis le 1er janvier 2020». La compagnie australienne entend financer cette acquisition sur ses «réserves de trésorerie actuelles».
Même si elle soutient avoir les moyens de s’offrir ces parts à plus de 400 millions de dollars en puisant dans ses réserves actuelles de trésorerie, Woodside se dit prête à atténuer sa gourmandise si les autres membres de RSSD –Far Senegal ou Petrosen– décidaient eux aussi d’«exercer leur droit de préemption sur l’opération Cairn/Lukoil». Dans tous les cas, toute nouvelle configuration du capital doit recevoir l’approbation du gouvernement sénégalais pour être effective.
Convoitise sur le Pétrole sénégalais : Woodside bloque la transaction entre Cairn et Lukoil.https://t.co/PxiFYMZSYb pic.twitter.com/q68takdU4s
— laquestion.info (@ndiaylatif) August 18, 2020
Mis à mal par l’apparition brutale de la pandémie à coronavirus, le projet RSSD dirigé par Woodside prévoit une capacité de production de 100.000 barils par jour à partir de 2023.