Lundi 17 août, le Président libanais Michel Aoun a écarté dans une interview accordée au journal italien Corriere della Sera l’hypothèse selon laquelle le port de Beyrouth a explosé à cause d’un présumé entrepôt d’armes du mouvement chiite Hezbollah.
«Nous savons que le Hezbollah n’a pas de dépôt d’armes dans le port», affirme le chef de l’État libanais qui souligne que cette hypothèse est «impossible». Il ajoute qu’un grave évènement comme celui de l’explosion du port de la capitale «enflamme les âmes et l’imagination». «Cependant, cette piste sera également envisagée et étudiée par les enquêteurs», assure-t-il.
«Des avions volaient peu avant l’explosion»?
Michel Aoun a évoqué les différentes pistes suivies par les enquêteurs en plus de celle annoncée par les autorités. En effet, ces dernières avaient pointé l’explosion de 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium causée par la négligence des consignes de sécurité relatives aux conditions de stockage de ce matériau.
«De nombreux témoins libanais affirment avoir vu ou entendu des avions voler peu avant l’explosion. Ils doivent être entendus, même si ces témoignages ne sont peut-être pas très crédibles», selon le Président libanais. «Même si cela [l’explosion du port, ndlr] semble être un accident, je voudrais éviter d'être accusé de ne pas avoir écouté toutes les voix», poursuit-il.
Le Président et son Premier ministre savaient
Des sources sécuritaires ont indiqué à Reuters que le Président libanais et son Premier ministre démissionnaire Hassan Diab étaient au fait depuis le 20 juillet de la présence de 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth.
Selon elles, le rapport d’une enquête judiciaire conduite par le procureur général Ghassan Oweidat, que Reuters dit avoir consulté, leur a été transmis. Le document mettait en garde contre le risque que constituait ce stock qui «peut détruire la capitale s’il explose».
«Il y avait un risque que ce matériau, s'il était volé, puisse être utilisé dans une attaque terroriste», expose le responsable sécuritaire qui prétend avoir participé à la rédaction de la lettre en question. «Je les ai avertis que ça pouvait détruire Beyrouth si ça explosait», ajoute-t-il.
Le dernier bilan officiel fait état de 178 morts, 6.000 blessés et près de 300.000 sans-abris.