«L’attention portée à la pandémie ne doit pas nous empêcher de prendre soin des personnes les plus exposées au trafic et à l’exploitation», indique Aloysius John, secrétaire général de Caritas Internationalis dans un communiqué.
À l’occasion de la journée mondiale contre le trafic des êtres humains, qui a lieu ce jeudi 30 juillet, Caritas internationalis, confédération internationale d’organisations catholiques, a lancé un appel aux gouvernements.
L’objectif? Sensibiliser les dirigeants politiques à la nécessité d’intensifier les efforts pour protéger les personnes les plus vulnérables. Ils demandent notamment la mise en place de «mesures urgentes et ciblées pour soutenir ceux qui travaillent dans les secteurs informels, y compris les travailleurs domestiques, les travailleurs agricoles et du bâtiment, les migrants sans papiers».
En mai dernier, c’était l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) qui alertait sur cette situation et dénonçait le fait que le Covid-19 «restreint les déplacements, détourne les ressources des forces de l’ordre et réduit les services sociaux et publics, les victimes de la traite des êtres humains ont encore moins de chances de s’échapper et de trouver de l’aide», selon sa directrice exécutive, Ghada Waly.
Femmes et enfants, les plus exposés
Une crise sanitaire qui a donc des effets délétères. Et pour cause, les personnes vulnérables sont davantage susceptibles d’être victimes de la traite. C’est notamment le cas des enfants. En Inde, Caritas internationalis explique que pendant la crise, «92.000 cas de maltraitance d’enfants ont été signalés en seulement 11 jours».
«Il y a également eu une augmentation des cas de travail des enfants et de mariages d’enfants. En raison des conditions économiques difficiles, les familles marient leurs jeunes filles pour qu’il y ait une bouche de moins à nourrir», détaille Caritas Inde.
Un fléau mondial
En France, le 1er juillet dernier s’est ouvert à Reims le procès de six personnes et trois sociétés accusées d’avoir fait travailler dans des conditions indignes une centaine de travailleurs viticoles sans papiers.
Prison ferme et 200 000€ d’amende ont été requis par la procureure de Reims dans le procès pour traite d'êtres humains. 125 travailleurs étrangers ont été exploités pendant des années dans «des conditions indignes». Délibéré prévu le 11septembre prochain. https://t.co/7KMtTVaRdR
— CCEM - Comité Contre l'Esclavage Moderne (@CCEM_France) July 7, 2020
Par ailleurs, dans une interview donnée au Secours catholique Caritas France, Geneviève Colas, coordinatrice du collectif «Ensemble contre la traite des êtres humains», révélait que
«certains migrants, pour obtenir de l’argent liquide en période de confinement, ont fait des échanges en leur défaveur, notamment avec leur carte ADA [allocation pour demandeur d’asile, ndlr] qui ne permet pas d’obtenir de cash.»
Et de poursuivre: «pour obtenir du cash, les jeunes donnaient leur carte en échange d’un montant bien moindre en liquide. C’était parfois le début d’autres formes d’exploitation.»
Esclavage: bénéfices de 150 milliards de dollars par an
Selon l’organisation internationale du travail (OIT), l’esclavage contemporain touche plus de 40 millions de personnes à travers le monde. Plus de 70% des victimes sont des femmes et une victime sur quatre est un mineur.
In the world, there are, at the very least, 40.3 million trapped in slavery, more than any other time in history. That is 5.4 victims for every thousand people. #BeAware #EndSlavery pic.twitter.com/2beGp13qhn
— The Anti-Slavery Collective (@TASC_org) September 9, 2019
Dans le monde, il y a au moins 40,3 millions de personnes piégées dans l’esclavage, plus qu’à tout autre moment de l’histoire. Cela représente 5,4 victimes pour mille personnes.
Le GAFI (Groupe d’action financière international) détaille dans une étude datant de 2018 que les profits liés à la traite humaine s’élèveraient à 150 milliards de dollars par an pour les trafiquants. L’ONUDC met donc en garde contre les «nouvelles opportunités pour le crime organisé de profiter de la crise».
«Les trafiquants peuvent devenir plus actifs et s’attaquer à des personnes qui sont encore plus vulnérables qu’auparavant, car elles ont perdu leur source de revenus en raison des mesures de lutte contre le virus.»