En Algérie, «le comité scientifique Covid-19 a émis un avis défavorable» au sacrifice du mouton

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«À ma connaissance, les membres du comité n’ont pas émis d’avis favorable. Ils ont mis en garde quant aux dangers éventuels», a affirmé le Pr Noureddine Zidouni à TSA concernant le rituel du sacrifice du mouton de l’Aïd el-Kébir par les autorités religieuses du pays.

Contrairement aux propos du ministre algérien des Affaires religieuses et des Waqfs Youcef Belmahdi, le Comité scientifique en charge de la surveillance de l’épidémie de Covid-19 «a émis un avis défavorable» quant au maintien du sacrifice du mouton de l’Aïd el-Kébir, informe le Pr Noureddine Zidouni, spécialiste en pneumophtisiologie et membre du comité, dans un entretien accordé à Tout Sur l’Algérie (TSA).

«À ma connaissance, les membres du comité n’ont pas émis d’avis favorable. Ils ont mis en garde quant aux dangers éventuels», avance le Pr Zidouni.

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Et d’expliquer qu’«il faut que les gens comprennent que ce n’est pas le rite, qui est cher à nous tous, qui pose problème». «Ce sont les regroupements des personnes, c’est la multiplicité des contacts humains lors de l’achat et du transport qui posent problèmes», souligne-t-il.

«Mais quand vous voyez qu’une commission de fatwa a plus de poids qu’un comité scientifique, qu’un collectif de professeurs en médecine, que la capitale mondiale de ce rituel de l’Aïd est fermée aux croyants, que voulez-vous!», déplore-t-il.

«Ça va s’aggraver»

Le Pr Zidouni indique par ailleurs que le nombre de contaminés n’a cessé de croître ces dernières semaines, dans un contexte où les personnels soignants sont «épuisés et des diagnostics de plus en plus pénibles sont à réaliser».

Il ajoute qu’«en tant qu’anciens experts de l’OMS [certains membres du comité, ndlr], nous avons jugé nécessaire d’ajouter une pierre à l’édifice d’alerte vis-à-vis de nos concitoyens». «Nous sommes des praticiens et pas des objecteurs de consciences», poursuit-il, précisant que «ce sont des familles qui sont touchées maintenant et ça va s’aggraver».

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Les 18 et 27 juillet, deux appels ont été lancés aux Algériens par deux collectifs de professeurs en médecine aux premières loges dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19 pour renoncer au sacrifice du mouton de l’Aïd el-Kébir à cause du haut risque de contagion.

Or, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs Youcef Belmahdi a déclaré mardi 28 juillet sur les ondes de la Chaîne 1 de la Radio nationale algérienne son soutien à la commission nationale de la Fatwa qui a opté pour le maintien de ce rituel.

Le ministre a informé que la commission de la Fatwa a rendu son verdict en concertation avec le Comité scientifique de surveillance de l’épidémie de Covid-19. «Nous avons essayé de sortir avec un avis qui puisse constituer un consensus, tant du point de vue religieux que scientifique», signale-t-il.

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Le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), le Pr Lyes Merabet, a également alerté dans une déclaration faite dimanche 26 juillet sur la Chaîne 3 de la Radio nationale algérienne que le maintien du sacrifice du mouton a été acté alors que «le corps médical est dans un état d’épuisement et de démoralisation». En effet, selon lui, «de 80 morts et plus de 3.500 infectés» confirmés avaient été recensés parmi les personnels soignants.

Ce jeudi 30 juillet, le Comité scientifique a fait état de 602 nouveaux cas de contamination. Il a indiqué que le total des cas confirmés depuis le début de la maladie en Algérie s'élevait à 29.801, dont 1.200 décès et près de 20.000 guérisons.

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