Au Togo, le MAE turc signe des accords… et soustrait une école à un rival d’Erdogan

© AFP 2024 MANDEL NGANRobert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères
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Au Togo, la Turquie vient de signer des accords économiques en même temps qu’elle obtient que l’école turque de Lomé passe sous sa coupe. L’établissement appartenait à Fethullah Gülen, un prédicateur turc accusé de terrorisme par Ankara et qui est à la tête d’un vaste réseau d’associations et d’écoles particulièrement présent en Afrique.

Le gouvernement togolais va transférer à Ankara la gestion de l’école turque de Lomé. Derrière cette annonce à l’apparence administrative, une petite victoire politique pour la Turquie. L’établissement en question appartient à Fethullah Gülen, un prédicateur turc controversé, soupçonné de terrorisme par le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan qui l’accuse d’être le véritable instigateur du coup d’État manqué de 2016.

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L’annonce a été faite le 20 juillet par Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu, en visite de travail dans le pays.

«Le gouvernement togolais s’engage à signer dans un proche avenir un accord avec la fondation Maarif (…) pour continuer son œuvre à travers le collège turc ici à Lomé. Nous espérons que cela se fera vite avec l’appui des membres de la fondation qui sont dans la délégation turque ici présente», a déclaré Robert Dussey face à la presse.

La fondation Maarif est une institution d’appui à l’action diplomatique du gouvernement turc, en charge de la gestion des établissements scolaires nationaux à l’étranger et notamment en Afrique, où elle administre actuellement 33 écoles.

Depuis le coup d’État manqué de 2016, attribué par Ankara à Fethullah Gülen –qui s’en défend–, le gouvernement ottoman a entrepris, sur fond de pression sur des pays alliés, de récupérer toutes les écoles à l’étranger lui appartenant. Et en Afrique où elle est particulièrement présente ses dernières années, la Turquie d’Erdogan ne manque pas de moyens d’influence sur ses «amis».

Fethullah Gülen est à la tête d’un vaste mouvement, souvent identifié comme une confrérie, qui porte son nom (Mouvement Gülen). Jusqu’en 2013, il était un des plus grands alliés du Président turc Recep Tayipp Erdogan qui s’est servi de lui contre les kémalistes laïcs (qui se revendiquent de l'héritage de l’ancien Président Kemal Atatürk).

Décembre 2013, la fin de l’alliance entre les deux hommes est actée avec les affaires de «malversations financières» qui visent des proches d’Erdogan, alors Premier ministre. Ce dernier s’est défaussé et a accusé les Gülenistes, dont le poids était devenu sans doute trop gênant. Le coup d’État manqué de l’été 2016 a fini par ériger Gülen au rang d’ennemi juré de celui qui était redevenu entre-temps chef de l’État.

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Le pouvoir d’Erdogan redoute que le prédicateur, réfugié aux États-Unis, ne se serve de son réseau d’écoles de formation turques partout dans le monde comme d’un instrument de soft power dirigé contre son gouvernement.Ces établissements scolaires seraient même, accuse-t-il, un des relais du financement du terrorisme.

«Je me réjouis très particulièrement de cette décision du gouvernement togolais de transférer la gestion de cette école à la fondation Maarif. Parce que l’organisation terroriste la FETO [organisation terroriste güléniste, ndlr] qui a été derrière la tentative de coup d’État il y a quatre ans en Turquie est un danger et une menace dans tous les pays dans lesquels elle est implantée», a déclaré Mevlut Cavusoglu devant la presse.

Cette annonce du gouvernement togolais intervient concomitamment avec des accords conclus avec le chef de la diplomatie turque. Jusque-là, et depuis deux ans, Lomé s’était opposé au transfert de l’école dans le giron de la Maarif.Le Togo est aussi l’un des rares pays du continent où la Turquie, partenaire stratégique de l’Union africaine depuis 2008, ne dispose pas encore d’ambassade ni de liaison aérienne desservie par la Turkish Airlines. Autant de lacunes que les deux parties se sont promis de rattraper, ce 20 juillet.

En même temps…

Le Togo, qui cherche des partenaires stratégiques et financiers pour la mise en œuvre de son plan national de développement (PND  2018-2022), a en effet conclu ce jour des accords avec la Turquie renforçant l’assiette juridique entre les deux pays, pour des relations économiques et commerciales plus saines.

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Le PND est un programme national ambitieux qui prévoit des projets et des investissements dans l’exploitation minière, l’énergie, la transformation et le conditionnement des produits agricoles, l’industrie textile et les infrastructures. Et le souhait du pays est d’établir avec le gouvernement et le secteur privé turcs des partenariats dans ces domaines.

«Nous suivrons de près ce plan national de développement qui fait partie de la vision du Président togolais. Nous constatons d’ailleurs que les entreprises et les investisseurs turcs s’intéressent aux investissements et aux projets qui y sont prévus, et nous allons les encourager», a promis Mevlut Cavusoglu.

La Turquie s’est engagée aussi à apporter un soutien matériel, logistique et technique au Togo, dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants, le terrorisme et l’extrémisme violent.

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