Déconfinement des églises au Togo: «Bouffée d’oxygène» pour éponger des dettes

© AFP 2024 SCHALK VAN ZUYDAMLes membres de la congrégation de l'Immaculée Conception, à Lomé
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Au Togo, avec la stabilisation de la crise sanitaire due au Covid-19, le gouvernement annonce une réouverture partielle et progressive des lieux de culte. Embourbées dans des dettes en l’absence de cotisations de leurs fidèles depuis quatre mois, cette mesure est une véritable bouffée d’oxygène pour les églises.

Au Togo, la réouverture partielle et progressive des lieux de culte envisagée par le gouvernement à compter de ce 17 juillet réjouit les dirigeants des églises chrétiennes qui vont pouvoir faire entrer de l’argent frais dans les caisses pour éponger leurs dettes.

Fermées depuis quatre mois dans le cadre des mesures de riposte à la pandémie de Covid-19, la majorité des églises chrétiennes se trouve asphyxiée par des créances que des fidèles se chargeaient de solder au quotidien lors des cultes et célébrations eucharistiques.

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Dans ces sanctuaires, les salaires des pasteurs, leur famille, leur logement –voire la scolarité de leurs enfants–, l’entretien des temples, le personnel de gestion et du fonctionnement des lieux de culte sont tous à la charge des fidèles à travers les quêtes, le versement des dîmes, des offrandes et dons divers. Le tout est généralement géré par le clergé, souvent dans une opacité totale, sans possibilité pour les paroissiens de demander des comptes, au risque même d’exclusion, dans certaines églises togolaises.

C’est pourquoi, au vu des enjeux économiques, la décision du gouvernement de fermer tous les lieux de culte à compter du 30 mars 2020 pour éviter la propagation du nouveau coronavirus dans le pays –qui compte une majorité de chrétiens, toutes églises confondues– en a surpris plus d’un.

«Nous n’étions pas préparés à cette situation qui a fortement impacté notre trésorerie. Cela fait presque quatre mois que nos fidèles, qui sont notre principale source de financement, ne viennent plus dans les églises. Ce début de réouverture ne peut constituer qu’un salut pour nous, une véritable bouffée d’oxygène puisque les pasteurs vivent des recettes de l’église. Sans rentrée d’argent, les dettes n’ont fait que s’accumuler», a déclaré à Sputnik Pasteur Sarame Ankou, secrétaire général adjoint de la coordination de l’église des Assemblées de Dieu du Togo (AD).

Cette église évangélique comprend près de 2.000 paroisses dans le pays et plus de 1.000 ecclésiastiques à nourrir.

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Chacune des paroisses est financièrement autonome. Son pasteur organise l’entrée des fonds qu’il gère avec un comité en envoyant, renseigne-t-il, 26% à la trésorerie nationale pour l’administration générale, le soutien aux paroisses en difficultés, les écoles bibliques, etc.

Les pasteurs ont tous souffert de la fermeture des lieux de culte au Togo, que ce soit l’Église des Assemblées de Dieu, l’Église pentecôtiste ou d’autres obédiences.

«Durant cette période, ils ont fait de tous les pasteurs des cas sociaux. Les ecclésiastiques n’ont pas eu de salaires durant tout ce temps. Imaginez leurs familles», s’est plaint Pasteur Sarame Ankou, qui plaide pour un soutien de l’État afin de «solder les dettes, une réouverture totale et au plus vite» de tous les lieux de culte.

L’Église catholique du Togo, la plus vieille et la plus organisée, attend, elle aussi, la réouverture des paroisses pour «souffler un peu». Ses prêtres dépendent également des fidèles qui se doivent de cotiser régulièrement pendant les messes pour s’occuper d’eux et couvrir les charges de fonctionnement.

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Entre mars et avril de chaque année par exemple, à l’occasion de la fête de la résurrection du Christ, les chrétiens catholiques font une cotisation annuelle spontanée dite des «deniers du culte» en plus des dons du Carême, pour soutenir le travail d’apostolat de l’église. Mais cette année, rien n’est rentré dans les caisses, affirme à Sputnik le Père Germain Kouigan, curé de la paroisse Marie Consolatrice des Affligés du Togo.

«Certains ecclésiastiques ont dû lancer des appels au secours pour couvrir leurs charges. La faute aux fidèles qui attendent qu’on les fasse danser et chanter avant de s’acquitter de leur devoir qui est de soutenir la mission divine», reproche le Père Germain Kouigan.

Ces mésaventures devraient inciter les responsables religieux au Togo à changer de modèle économique, estime Jacques Djakouti, spécialiste de l’histoire des religions contacté par Sputnik.

Il conseille un investissement rentable des églises pour renforcer leur résilience face à des situations de crise comme celle du Covid-19, de manière, dit-il, «à ce que se poursuivent les missions apostoliques et évangéliques sans difficulté majeure».

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