«Nul de chez nul»: une nouvelle étude de Didier Raoult sous le feu des critiques

© AFP 2024 CHRISTOPHE SIMONDidier Raoult
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Une vaste étude portant sur 3.119 personnes traitées avec le «protocole Raoult» a été publiée le 25 juin par l’équipe de l’IHU Méditerranée Infection. Elle n’a pas convaincu plusieurs épidémiologistes sur l’efficacité du traitement proposé par l’infectiologue marseillais, écrit Le Monde.

Traitées avec le protocole promu par l’IHU et comparées à des patients qui ont bénéficié d’un autre traitement, 3.119 personnes ont fait l’objet d’une étude de la part du professeur Didier Raoult et son équipe publiée dans Travel Medicine and Infectious Disease (TMAID).

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«Les résultats suggèrent qu’un diagnostic, un isolement et un traitement précoces des patients Covid-19 avec au moins trois jours d’administration d’hydroxychloroquine et d’azithromycine conduisent à des résultats cliniques significativement améliorés et à une baisse de la charge virale plus rapide qu’avec d’autres traitements», résume l’étude.

Comparaison qui «n’est pas valide»

Pourtant, l’avis de plusieurs épidémiologistes ne coïncide pas avec une cette conclusion.

«Nul de chez nul», lâche Dominique Costagliola, directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Sorbonne Université, Inserm). Pour elle, la comparaison entre les patients traités et les autres n’est pas valide: les premiers sont en moyenne plus jeunes et ont des symptômes et des atteintes pulmonaires moins sévères.

«Que peut-on dire? On compare des choux et des carottes et même en ajustant la taille des feuilles cela reste des choux et des carottes», souligne le pharmacologue et pneumologue Mathieu Molimard de l’université de Bordeaux.

L’étude ne «répond pas aux exigences les plus basiques»

Anton Pottegard, professeur de pharmacoépidémiologie à l’université du Danemark du Sud, dit ne pas avoir pas «confiance» dans les résultats de l’étude.

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«Pourquoi? Parce qu’elle ne répond pas aux exigences les plus basiques auxquelles elle devrait souscrire. Il y a de nombreux problèmes, chacun étant très préoccupant. Pris ensemble, ils rendent cette étude 100% inutile pour guider la pratique clinique.»

M.Pottegard explique que des patients traités sont comparés à des personnes qui ne le sont pas.

«Le principal problème est que ceux qui ne survivent pas au traitement sont classés comme non traités. Je pourrais proposer un nouvel essai clinique: embrasser les patients sur le front pendant trois jours. Je comparerais ceux qui auraient reçu les trois baisers à ceux… qui n’auraient pas survécu pour les recevoir. L’effet du traitement serait formidable: aucun des patients ayant reçu mon traitement ne serait mort.»

Polémique sur l'efficacité de la chloroquine contre le Covid-19

L'efficacité de la chloroquine contre le Covid-19 continue d’animer les débats. Une autre étude de Pr Raoult publiée le 22 mai dans The Lancet a provoqué de vives réactions de la communauté scientifique: de nombreux chercheurs ont exprimé leurs doutes sur celle-ci, y compris des scientifiques sceptiques sur l’intérêt de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19. La prestigieuse revue médicale a par la suite pris ses distances avec l’étude.

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Le 27 mai, le gouvernement français avait pris la décision de ne plus autoriser l'hydroxychloroquine dans le traitement de la maladie.  Le 17 juin, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé avoir décidé de ne plus tester l’hydroxychloroquine en tant que médicament pour traiter le nouveau coronavirus.

Néanmoins, le professeur marseillais continue de défendre l’utilisation de cette molécule dans la lutte contre la maladie. S'alignant cette position, le professeur Christian Perronne a estimé le 15 juin sur BFM TV que près de 25.000 morts liées au Covid-19 auraient pu être évitées si la France «avait utilisé la chloroquine pour tous».

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