Le monument à Colbert vandalisé, la statue du général Gallieni couvert d’un drap noir – le président de l'ONG Urgences Panafricanistes Kémi Séba affirme soutenir toute tentative de lutte.
«Nous nous sommes solidaires de tous les frères et les sœurs qui essayent avec leurs moyens de se mobiliser à leur façon […] contre le néocolonialisme, contre le colonialisme», a-t-il répondu à Sputnik lors d’une conférence de presse vendredi 26 juin.
«Je pense qu’il faut aussi qu’on soit cohérents avec nous-mêmes. Autant il y une légitimité historique à vouloir chasser les noms des colons dans les espaces africains, dans les espaces caribéens», a-t-il poursuivi.
Le militant ne dit pas se sentir concerné par l’attitude de la France envers Colbert.
«La France pense que Colbert est son géant, c’est l’Histoire qui veut ça. Les géants des uns sont les bourreaux des autres. Tant que les bourreaux des uns ne nous sont pas imposés dans mon espace en Afrique ou dans les Caraïbes. Si vous voulez mettre Colbert devant l’Assemblée nationale, c’est un débat à terme, c’est un débat entre vous sur lequel nous n’avons pas à nous prononcer.»
«Nous sommes des enfants de Marcus Garvey qui pensent que notre combat, s’il est en France, il est dans une démarche d’organisation communautaire sur le modèle chinois et autres. Et on n’est pas là pour demander aux autres qu’ils reconnaissent notre souffrance», a souligné Kémi Séba. «Par contre, on va les forcer à nous respecter, voilà la nuance sur ce terrain».
Statues prises pour cible
Les monuments liés à l'histoire coloniale française se sont retrouvés au cœur d'une polémique mémorielle après le mouvement antiraciste déclenché dans le monde entier par la mort de l’Afro-Américain George Floyd à Minneapolis.
La statue de Colbert devant l'Assemblée nationale dans la capitale a été en partie recouverte de peinture rouge et d'une inscription «Négrophobie d'État». Ministre de Louis XIV, Colbert est considéré comme à l'initiative du Code noir, rédigé en 1685 et qui a légiféré sur l'esclavage dans les colonies françaises.
La statue du général Joseph Gallieni, militaire et administrateur colonial français, place Vauban, à Paris, a été à son tour couverte d’un drap noir dans le cadre d’une action à laquelle a participé l’ex-footballeur devenu candidat de la France insoumise, Vikash Dhorasoo.