Présidentielles de 2022: un match Macron-Le Pen est-il une fatalité?

© AFP 2024 Eric FeferbergEmmanuel Macron et Marine Le Pen
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Macron réélu Président de la République face à Le Pen: selon un sondage Ifop-Fiducial, les prochaines Présidentielles pourraient être une répétition de celles de 2017. Un scénario auquel ne se résignent pas ceux qui prônent l’union des droites, analyse le politologue Guillaume Bernard, l’un des théoriciens de la «droite hors les murs». Analyse.

2022 ressemblera-t-elle à 2017? Emmanuel Macron l’emportera-t-il face à Marine Le Pen au second tour, malgré l’avance de celle-ci au premier? Tel est en tout cas la prédiction du sondage Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio, publié le 22 juin, créditant l’actuel locataire de l’Élysée d’un second mandat présidentiel. Bien que l’institut de sondage relève «un resserrement net de l’écart entre les deux finalistes de la dernière Présidentielle», le résultat de ce futur scrutin n’en resterait pas moins un bis repetita de celui de 2017, dans un paysage politique «dominé» par Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

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Présidentielles 2022, simple remake de 2017?

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Parmi ceux qui partagent cette crainte, Robert Ménard. Pour le maire de Béziers, la présidente du Rassemblement national (RN) n’est ni plus ni moins que l’«assurance-vie» d’Emmanuel Macron. «Elle est la certitude, pour Monsieur Macron, qu’il sera chef de l’État. Et je ne veux pas ça!» assénait l’édile biterrois au micro de Jean-Jacques Bourdin, le 18 juin, appelant à l’émergence d’une figure alternative à droite, un «visage nouveau.»

Marine Le Pen, «assurance-vie» élyséenne de Macron, un discours que tenait déjà le cofondateur de Reporters sans frontières, au micro du même Jean-Jacques Bourdin, en octobre 2019. Fin août 2017, amer des défaites successives du RN aux élections régionales, présidentielles et législatives, le maire de Béziers, appelait dans une lettre ouverte ses «amis» du RN à faire tomber un «tabou»: renouveler le leadership du parti si celui-ci n’est pas à même de le porter au pouvoir, à «abandonner la défroque gauchisante» et à «forcer la porte de la droite “classique”», en somme à prendre plus en considération les mouvements qui parsèment la droite de l’échiquier politique.

​«La dominante intellectuelle, elle est à droite» assénait en juin 2016 Robert Ménard au micro de Sputnik, dans la foulée des Rendez-Vous de Béziers. Un rendez-vous durant lequel, un an avant les Présidentielles, il s’était attelé à ériger un pont allant du parti frontiste aux Républicains, bousculant les lignes et affirmant un peu plus cette «droite hors les murs». Un échec, a-t-il été forcé d’admettre depuis.

Cependant, là où certains voient une volonté de Robert Ménard de déboulonner la présidente du parti frontiste, d’autres y voient au contraire une forme de complémentarité dans l’optique de faire barrage à Emmanuel Macron. Ainsi, pour le politologue Guillaume Bernard, maître de conférences à l’Institut catholique d’études supérieures (ICES) et auteur notamment de l’essai La guerre à droite aura bien lieu. Le mouvement dextrogyre (Éd. Desclée de Brouwer), l’émergence d’une «nouvelle figure» à droite n’impliquerait pas nécessairement un renoncement de Marine Le Pen à la course à l’investiture suprême.

Le politologue pousse son raisonnement encore plus loin en affirmant même que la présidente du Rassemblement national ne serait pas celle qui pâtirait le plus de l’émergence d’une candidature entre son parti et En Marche… loin de là.

«Je pense qu’une telle candidature serait beaucoup plus susceptible d’empêcher Emmanuel Macron que Marine Le Pen d’accéder au second tour. Une candidature d’unité de la droite récupérerait l’électorat Fillon qui est parti chez Macron», développe le politologue.

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Une opinion pour le moins contre-intuitive. Pourtant, il existe un espace politique entre LREM et le RN, notamment incarné dans l’appel d’Angers, un plaidoyer en faveur de l’«unité» de la droite. Défense de l’identité nationale, restauration de l’autorité de l’État, affirmation de la souveraineté tout en promouvant les libertés, notamment économiques: autant d’idées qui, aux yeux de Guillaume Bernard, pourraient réunir autour d’un même bulletin certains électeurs d’En Marche et du Rassemblement national.

Or, du fait de l’important report de voix des Républicains vers Emmanuel Macron lors du précédent scrutin présidentiel, c’est ce dernier qui pâtirait le plus de l’émergence d’une nouvelle figure à sa droite, estime Guillaume Bernard qui voit là une occasion de fermer les portes du second tour à l’actuel locataire de l’Élysée.

«Macron ne fait pas un score par adhésion, il fait un score par rejet. Ce sont des électeurs qui se coagulent sur Macron parce qu’ils ne veulent pas des candidats des extrêmes […], mais ils n’adhèrent pas à Macron, c’est un électorat extrêmement volatil», développe le maître de conférences à l’ICES.

Un tel cas de figure, selon lui, assurerait «grosso modo le second tour Fillon–Le Pen qu’on “aurait” dû avoir en 2017». Reste à savoir si les prochaines élections présidentielles se tiendront bien en 2022. En effet, selon une information du Figaro, Emmanuel Macron aurait, à l’occasion d’une visioconférence avec le premier cercle des donateurs de 2017 à Londres, laissé entendre qu’il serait prêt à démissionner de ses fonctions «dans les semaines ou les mois à venir». Loin de lui l’idée de céder sa place: Emmanuel Macron espère ainsi remporter les élections anticipées qui seraient alors provoquées. Un choix qui ne manquerait pas de courage politicien, concède Guillaume Bernard.

«Ce serait risqué, mais ça permettrait de couper l’herbe sous le pied de tout le reste de la classe politique qui, évidemment, n’est absolument pas prête à faire campagne maintenant.»

Enjoignant ses interlocuteurs à le financer, le locataire de l’Élysée aurait ainsi déclaré «je suis sûr de gagner, car il n’y a personne en face», ajoute le quotidien. Personne, sauf Marine Le Pen. Pour l’instant?

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