La porte-parole du gouvernement est revenue le 21 juin sur France 3 sur l’affaire de l’infirmière arrêtée lors d'une manifestation du personnel soignant à Paris.
«La justice doit s’exercer de manière normale, comme pour n’importe quel citoyen», a ajouté la porte-parole, affirmant que «quand je ne sais pas expliquer qu’on jette des pierres sur les forces de l’ordre, je ne vois pas en quoi il faudrait l’absoudre [la mise en cause, ndlr]».
Évoquant Farida, Mme Ndiaye a indiqué qu'elle comprenait «évidemment l’émotion qu’a suscité l’image qu’on a vu de son arrestation».
Et de poursuivre: «Mais en même temps, je ne saurais pas expliquer à mes enfants, par exemple, s’il est normal ou pas de jeter des pierres sur les forces de l’ordre».
🏥 Pour @SibethNdiaye, "la justice doit s'exercer de façon normale" donc sans clémence particulière à l'encontre de #Farida, l'infirmière interpellée mardi 16 juin, à Paris, lors de la #manifestation des #soignants. ⤵️
— DimancheEnPolitique (@DimPolitique) June 21, 2020
📺 @France3tv @letellier_ftv #DIMPOL pic.twitter.com/2w5waWD5d9
«Des circonstances atténuantes»
Elle a ensuite évoqué «des circonstances atténuantes» qui peuvent être prises en compte et rappelé de nouveau que «c’est aux juges de le faire». En réaction à la remarque du journaliste selon qui Farida avait «craqué», Sibeth Ndiaye a rétorqué:
«On peut tous être amenés, dans des circonstances particulières, à être à bout de nerfs. Est-ce que pour autant ça justifie qu’on jette des pierres sur les forces de l’ordre? Que dirions-nous au fils ou à la fille du CRS qui reçoit cette pierre dans le visage? C’est pas grave? Non, on ne peut pas le dire. Donc il faut que la justice se fasse, en toute indépendance, et nous verrons ce que les juges auront à dire sur cela», a-t-elle conclu.
Jugée pour outrages sur personne dépositaire de l'autorité publique, Farida risque jusqu’à trois ans d’emprisonnement et une amende de 45.000 euros.
Les forces de l’ordre voient rouge
Sur Twitter, le Syndicat des commissaires de la Police nationale a relayé un extrait tronqué de l’émission, lorsque la porte-parole s’interrogeait sur comment expliquer à ses enfants s’il est normal de lancer des projectiles sur les agents. Avec en légende: «Ces propos tenus par la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye sont indignes de ses fonctions».
« Je ne saurais pas expliquer à mes enfants s’il est normal ou pas de jeter des pierres sur les forces de l’ordre ».
— Commissaires de la Police Nationale SCPN (@ScpnCommissaire) June 21, 2020
Ces propos, tenus par la porte parole du gvt @SibethNdiaye , sont indignes de ses fonctions. #JeSoutiensLaPolice #SoutienAuxFDO #BlueLivesMatter pic.twitter.com/8TpqRRoNoS
En appelant à Emmanuel Macron et à Édouard Philippe, le syndicat dénonce ces propos qui «sont contraires aux valeurs de la République et contribuent au désordre sécuritaire de notre pays». «Cela ne peut plus durer», ajoute-t-il.
Nous en appelons désormais au #Président @EmmanuelMacron ou au 1er ministre @EPhilippePM : de tels propos tenus par des ministres du gouvernement sont contraires aux valeurs de la #Republique et contribuent au désordre sécuritaire de notre pays. Cela ne peut plus durer.
— Commissaires de la Police Nationale SCPN (@ScpnCommissaire) June 21, 2020
L’Unité SGP Police réagit également à l’extrait: «Encore une incongruité de plus et un manque de soutien ferme vis à vis des forces de l’ordre».
Jeter des pierres contre les policiers, est-ce normal ? La porte-parole du gouvernement n’est pas sûre...
— UNITÉ SGP POLICE (@UNITESGPPOLICE) June 21, 2020
Encore une incongruité de plus et un manque de soutien ferme vis à vis des forces de l’ordre. pic.twitter.com/RTbBeI85Gg
Pour l’UNSA Police 78, il s’agit de déclarations qui «sont tout simplement scandaleuses».
[#Info] « Je ne saurais pas expliquer à mes enfants s’il est normal ou pas de jeter des pierres sur les forces de l’ordre »... Les déclarations de la porte parole du gouvernement @SibethNdiaye , sont tout simplement scandaleuses ! #SoutienAuxPoliciers pic.twitter.com/XUPjfPmif7
— UNSA Police 78 (@UNSAPOLICE_78) June 21, 2020
L’infirmière a été interpellée à Paris, placée en garde à vue puis libérée, après avoir jeté des pierres en direction des forces de police. Elle a reconnu les faits et a expliqué son geste parce qu’elle avait «craqué» en raison de la crise sanitaire.
Farida a déclaré avoir exprimé ainsi sa colère «envers l’État qui réprime nos droits». Plusieurs plaintes ont été déposées contre elle. Parallèlement, la femme a porté plainte auprès de l'Inspection générale de la police nationale suite à son interpellation dont les images relayées sur les réseaux sociaux ont suscité une vague d’indignation.