«Nous sommes des soldats»: ce que l’infirmière interpellée à Paris souhaiterait dire à Emmanuel Macron

© SputnikDébordements aux Invalides suite à la manifestation des soignants, 16 juin 2020
Débordements aux Invalides suite à la manifestation des soignants, 16 juin 2020 - Sputnik Afrique
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Dans un entretien à Mediapart, Farida C. a raconté que, malgré les promesses faites au secteur hospitalier, on lui a fait «manger de la boue» lorsqu’elle est venue revendiquer les droits des soignants le 16 juin.

Farida C. affirme n’avoir pas encore réalisé ce qu’elle ne croyait «pas envisageable»: «Je n’étais pas là pour me faire massacrer», déclare-t-elle dans une interview à Mediapart avant d’imaginer ce qu’elle pourrait dire au Président de la République.

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Cette infirmière âgée d’une cinquantaine d’années est descendue dans la rue, «un lieu d’expression», pour «revendiquer mes droits, les droits des soignants» et affirme n’avoir eu «personne dans la tête» lorsqu’elle a jeté des pierres.

«C’était symbolique, je ne visais pas les forces de l’ordre, ne voulais pas blesser quelqu’un. Je voulais juste dire "Nous, on en a marre, on est fatigué. Arrêtez de nous museler"», s’est-elle rappelée, ajoutant qu’elle regrettait de l’avoir fait.

Si elle pouvait adresser un message à Emmanuel Macron, elle souhaiterait lui dire: «Qui nous a confié la santé des Français pendant deux mois? Et on a répondu "Présent!" puisqu’on nous a dit qu’on était en guerre».

«Nous, on s’est constitué des soldats. Nous sommes des soldats de ce pays. Tout le monde a pris la responsabilité et a mesuré l’ampleur de ces propos lorsque nous sommes en guerre» contre le Covid-19, a-t-elle expliqué. «Nous sommes tous devenus des soldats, tous allés à la bataille, nous avons tous combattu».

L’infirmière se souvient avoir entendu les applaudissements des Français, ce qui l’a émue: «Je me suis dit "Enfin nous avons de la reconnaissance, enfin le monde entier est en train de prendre conscience des souffrances des soignants et de leur conditions de travail"».

L’État leur a «promis des médailles, une revalorisation de nos salaires, que nos conditions de travail vont être améliorées», rappelle Farida.

«Lorsqu’on le rappelle "N’oubliez pas vos promesses!", on m’a mise à terre et m’a fait manger de la boue. C’est à ça que j’ai pensé lorsque j’étais par terre, c’est pour ça que j’ai commencé à crier "Je ne suis pas un criminel, je suis une soignante". Je n’ai commis aucun crime. Je suis juste venu vous dire que je suis fatiguée, je ne veux plus travailler dans des conditions comme ça, je ne veux plus culpabiliser lorsque je rentre chez moi parce que je n’ai pas fait mon métier selon mes valeurs.»

Son grand souhait est d’«apporter du soin», alors que dans les conditions de charge augmentée, c’était de moins en moins possible.

«Une infirmière, elle enveloppe les gens de son amour pour son métier», a-t-elle résumé.

Elle dépose plainte

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Lors de son audition au cours de sa garde à vue, Farida a confié avoir «craqué» après avoir travaillé en première ligne pendant la crise sanitaire.

Selon les informations de LCI, quatre plaintes ont été déposées contre l’infirmière, alors qu’elle-même a saisi ce 19 juin l’IGPN. Elle sera convoquée le 25 septembre devant le tribunal correctionnel. Les chefs d’accusation à son encontre consistent en «outrages» et «violences sans interruption totale de travail (ITT)» sur personne dépositaire de l'autorité publique, a précisé le parquet de Paris.

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